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 Génocide Rwandais

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yak
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MessageSujet: Génocide Rwandais   Génocide Rwandais Icon_minitimeMar 8 Avr - 17:20


Rôle de la France au Rwanda : et si Paul Kagame disait vrai ?

Citation :

La France doit "regarder la vérité en face" sur le génocide rwandais. Ces mots d'une rare sévérité sont de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. Vingt ans après le génocide, qui a fait 800 000 morts, les plaies sont toujours vives au Rwanda. En témoigne la sortie peu diplomatique du président Paul Kagame, qui a accusé vendredi les soldats français d'avoir été "complices certes", mais aussi "acteurs" du massacre des populations tutsi entre avril et juillet 1994, provoquant une grave crise entre les deux pays.

Qu'est-il arrivé le 6 avril 1994 ? Pourquoi les Tutsi ont-ils été visés ? Et pourquoi la France se retrouve-t-elle sur le banc des accusés ? Retour sur l'histoire mouvementée du Rwanda.

La genèse d'un génocide :

Depuis son indépendance en 1962, le Rwanda vit au rythme des violences entre ses communautés hutu et tutsi. Bien que les deux parlent la même langue et cultivent les mêmes croyances, elles n'ont pas été traitées de la même manière par le colon allemand. Au début du XXe siècle, les Allemands considèrent les Tutsi comme supérieurs génétiquement aux Hutu. Des considérations reprises à leur compte par les Belges qui, lorsqu'ils héritent de la colonie après la Seconde Guerre mondiale, privilégient les Tutsi dans l'accès à l'école et à l'administration. Pourtant majoritaires, les Hutu se retrouvent relégués aux activités subalternes. 

La donne change après l'indépendance. Composant 85 % de la population rwandaise, les Hutu s'emparent de fait du pouvoir et entament l'élimination de leurs compatriotes tutsi. Des milliers d'entre eux sont envoyés dans des camps tandis que les autres fuient dans les pays limitrophes. C'est en Ouganda qu'est créé en 1987 le Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion tutsi armée par Kampala. À sa tête, le futur président Paul Kagame. Trois ans plus tard, le FPR lance l'offensive sur Kigali. 

Un scénario que la France, alliée du régime hutu du président Juvénal Habyarimana, voit d'un très mauvais oeil. Hors de question, à Paris, de laisser son espace d'influence francophone tomber entre les mains d'"étrangers" ougandais, qui plus est anglophones (la France n'hésitera d'ailleurs pas à évoquer un "complot anglo-saxon"). Peu importe si le président rwandais Habyarimana, à la tête du pays depuis 1973, dirige le pays d'une main de fer avec un parti unique basé sur une idéologie promouvant la supériorité hutu. Face à l'offensive rebelle tutsi, la France lance en 1990 l'opération Noroît,rappelle Le Nouvel Observateur. Paris envoie près de 4 000 de ses militaires au pays des Mille Collines pour protéger les ressortissants européens. Il s'agit, en réalité, d'aider l'armée rwandaise dans sa lutte contre le FPR. 

En parallèle, la France pousse le président Habyarimana à l'ouverture politique et à la réconciliation nationale. Ce dernier signe en août 1993 les accords d'Arusha, en Tanzanie, prévoyant un partage du pouvoir avec les Tutsi ainsi que le départ des troupes françaises. Une trahison aux yeux des extrémistes hutu, nombreux au sein de l'appareil d'État.

L'assassinat du président Habyarimana : l'étincelle

Le 6 avril 1994, le président rwandais Habyarimana rentre d'un sommet régional en Tanzanie, où il a accepté la mise en place des institutions de transition prévues par les accords d'Arusha. Pour regagner le Rwanda, il utilise son jet personnel, un Falcon 50 offert par la France et piloté par un équipage français. À sa descente en direction de l'aéroport de Kigali, l'appareil est touché par deux missiles. Le Falcon présidentiel s'écrase, ne laissant aucun survivant. 

Pour le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, saisi après une plainte déposée par la fille d'un des pilotes français, les tirs sont l'oeuvre de membres du FPR. En novembre 2006, il recommande des poursuites contre Kagame devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour sa "participation présumée" à l'attentat contre Habyarimana. Une théorie remise en cause en 2012 par son successeur, le juge Marc Trévidic, qui affirme que les missiles n'ont pu être tirés que de la colline de Kanombe, alors occupée par les forces armées rwandaises. Toutefois, le magistrat se garde bien de déterminer l'identité des coupables. 

Une chose est sûre, dès la nouvelle de l'accident, l'armée rwandaise et les redoutables milices hutu Interahamwe, proches du pouvoir, se déploient à Kigali. En un temps record, la capitale rwandaise est quadrillée. Le massacre peut commencer. Officiellement, il s'agit de venger le président disparu. Mais il apparaît par la suite que les violences ont été soigneusement préparées, des listes de victimes ayant même été établies au préalable par les autorités. 

Méthodiquement, chaque maison, église ou école est fouillée de fond en comble. Sans distinction, des civils tutsi - y compris les femmes et les enfants - ainsi que des Hutu modérés, favorables aux accords d'Arusha, sont déchiquetés à la machette. Des exactions favorisées par le discours de haine diffusé pendant des mois sur les ondes de la radio des Mille Collines, surnommée "Radio machette". Pendant ce temps, près de 90 % des soldats de la mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar) quittent le pays. 

La France intervient

Le 8 avril, les forces françaises lancent l'opération Amaryllis : 500 parachutistes français sont déployés pour évacuer les ressortissants occidentaux, réfugiés dans l'ambassade de France de Kigali. La représentation française abrite également Agathe Habyarimana, la veuve du président assassiné, ainsi que des dignitaires extrémistes hutu, tous du voyage pour Paris. Étrangement, c'est dans cette même ambassade que se tiennent les premières rencontres du gouvernement intérimaire, dont les membres adhèrent tous au courant suprématiste Hutu Power. Trois semaines plus tard, affirme le Nouvel Observateurdeux des dirigeants les plus influents, Jérôme Bicamumpaka et Jean-Bosco Barayagwiza, sont reçus à Paris par le président Mitterrand en personne. 

À l'époque, la France refuse de parler de "génocide", estimant que des massacres ont été commis des deux côtés. Il faudra attendre le 18 mai pour qu'Alain Juppé, alors chef de la diplomatie française, prononce pour la première fois le mot tabou. Cela n'empêche pas le gouvernement français d'accueillir à nouveau des responsables rwandais, cette fois des officiers en quête d'armes, en dépit de l'embargo décidé par l'ONU. Premier ministre à l'époque, Édouard Balladur assure aux journalistes Benoît Collombat et David Servenay* qu'aucune livraison "officielle" n'a été effectuée, mais n'écarte pas, en revanche, l'idée que d'autres canaux aient été utilisés.

Sous mandat de l'ONU, la France lance le 22 juin 1994 l'opération Turquoise, une mission officiellement à but humanitaire. Si l'intervention de quelque 2 500 soldats français permet de sauver des milliers de vies tutsi, elle n'empêche pas pour autant la poursuite des massacres. Avertie du risque de nouvelles tueries dans les collines de Bisesero, l'armée française attend trois jours avant d'agir. Il est déjà trop tard : près d'un millier de Tutsi sont déjà morts. Pour les rebelles du FPR, l'opération Turquoise a avant tout servi à exfiltrer vers le Zaïre voisin nombre de coupables hutu face à l'avancée des troupes rebelles. Le génocide rwandais prend officiellement fin le 5 juillet 1994, à la faveur de la prise de Kigali par les forces du FRP de Paul Kagame. En trois mois, 800 000 personnes, essentiellement des Tutsi, ont été massacrées.

Les résultats de l'enquête

En Belgique, l'ex-puissance coloniale, qui disposait au Rwanda d'un contingent de Casques bleus, la commission d'enquête du Sénat ne se défile pas. Elle établit en 1997 des responsabilités au sein de l'ONU, de la communauté internationale, des autorités et de l'armée rwandaises ainsi que des autorités politiques et militaires belges dans le génocide. D'après le rapport, les massacres ont été planifiés par des personnes proches des dirigeants rwandais de l'époque. Surtout, Bruxelles présente ses excuses à Kigali. 

Ce n'est pas le cas de la France, qui, en 1998, est exonérée par une mission d'information parlementaire. Le rapport souligne en revanche "une erreur globale de stratégie" sur le Rwanda ainsi que des "dysfonctionnements institutionnels". Cela n'empêche pas, en 2005, des rescapés rwandais de porter plainte contre l'armée française pour "complicité de génocide", provoquant l'ouverture d'une information judiciaire à Paris. En outre, la France refuse toujours de déclassifier les documents "secrets-défense" relatifs à la présence française au Rwanda. 

Le premier procès lié au génocide s'est tenu en février à Paris et a abouti à la condamnation à 25 ans de prison de l'ancien capitaine rwandais Pascal Simbikangwa. Un verdict salué par le président Paul Kagame. 

Les langues se délient

Vingt ans après le génocide, Guillaume Ancel, un ancien officier français engagé en 1994 au Rwanda, conteste le caractère officiellement "humanitaire", au moins à ses débuts, de l'opération Turquoise. "Je suis parti avec l'ordre d'opération de préparer un raid sur Kigali. Quand on fait un raid sur Kigali, c'est pour remettre au pouvoir le gouvernement qu'on soutient, pas pour aller créer une radio libre", affirme l'ancien officier de l'armée de terre sur la radio France Culture.

L'ex-militaire affirme avoir ensuite reçu, entre le 29 juin et le 1er juillet, un autre ordre, qui "était d'arrêter par la force l'avancée des soldats du FPR". Selon lui, la France aurait ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant, vers la mi-juillet, "à ce qui restait des forces armées rwandaises les dizaines de milliers d'armes" que les militaires français avaient confisquées dans la zone humanitaire. "On a clairement été à l'origine d'une continuation des combats qui a duré pendant des années, qui a fait de nouveau des centaines de milliers de morts", souligne-t-il. 

De son côté, l'ancien ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner refuse de croire que des "troupes françaises ont elles-mêmes assassiné à la main quelques Tutsi". Il se dit toutefois "sûr" que tout a été préparé avec le consentement "illicite, implicite" de l'armée française. Quant à Paul Quilès, qui a dirigé la mission d'information parlementaire sur le Rwanda, il qualifie d'"ignominieuses" les accusations portées par Paul Kagame contre la France. "Il faut revenir à l'histoire, souligne-t-il dans une interview à la radio RTL. La France a été le seul pays à cette époque à demander une intervention internationale." "De l'avis de l'Union africaine", l'opération française Turquoise "a sauvé au moins 15 000 Tutsi". Pour Paul Quilès, qui dénonce le "régime autoritaire" de Kigali, "Paul Kagame est actuellement en difficulté au plan international et il essaie de détourner l'attention".

En effet, le président rwandais est accusé, y compris par son proche allié américain, de profiter du sentiment de culpabilité de la communauté internationale sur le génocide pour déstabiliser l'est de la République démocratique du Congo ou d'assassiner des dissidents rwandais réfugiés en Afrique du Sud sans être véritablement inquiété. 

* Benoît Collombat et David Servenay, auteurs de Au nom de la France. Guerres secrètes au Rwanda(éditions la Découverte, 2014).





http://www.lepoint.fr/monde/role-de-la-france-au-rwanda-et-si-paul-kagame-disait-vrai-07-04-2014-1810025_24.php
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MessageSujet: Re: Génocide Rwandais   Génocide Rwandais Icon_minitimeMar 8 Avr - 19:19

Tiens tiens encore mama frança qui a trempé ses petits doigts de pieds blancs dans la m**** encore et encore dans notre continent
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MessageSujet: Re: Génocide Rwandais   Génocide Rwandais Icon_minitimeVen 11 Avr - 20:45


"j'ai serré la main du diable" Roméo Dallaire 

Quand le général Roméo Dallaire a été appelé à assurer le commandement de la Force internationale de maintien de la paix des Nations unies au Rwanda, il croyait être dépêché en Afrique pour aider deux belligérants à trouver un terrain d'entente. Une fois au Rwanda, il découvrit une tout autre réalité. Pris entre une guerre civile sanglante et un génocide impitoyable, le général et ses hommes - une petite troupe - furent bientôt abandonnés, sans aucune ressource, par leurs patries respectives. Pour lutter contre la vague de tueries qui ravageaient ce pays, ils ne purent compter que sur leur propre générosité et sur leur courage personnel. En moins de cent jours, la guerre au Rwanda allait faire plus de 800 000 morts et au-delà de 3 millions de blessés et de réfugiés. C'est avec le poids de cette tragédie que le général Dallaire est rentré chez lui, au Canada, en septembre 1994, brisé et désillusionné. Il lui faudra sept ans avant de pouvoir commencer à écrire sur ce sujet. Dans J'ai serré la main du diable, il raconte l'enfer qu'il a vécu au Rwanda et il n'hésite pas à reconstituer les terribles événements auxquels la communauté internationale a tourné le dos. Son témoignage est un compte rendu sans concession de la faillite de l'humanité à mettre un terme à un génocide pourtant maintes fois dénoncé. 
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MessageSujet: Re: Génocide Rwandais   Génocide Rwandais Icon_minitimeVen 11 Avr - 20:49

ONU au Rwanda : "On ne pouvait même pas ramasser les corps, les chiens les déchiraient"
Le Point.fr - Publié le 11/04/2014 à 19:33
Le général canadien Roméo Dallaire commandait la mission de l'ONU au Rwanda pendant le génocide en 1994. Retour sur un témoignage précieux et méconnu.
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Citation :

Les commémorations pour les 20 ans du génocide au Rwanda sont l'occasion de revenir sur un témoignage précieux et méconnu : celui du commandant des Casques bleus durant les événements, le Canadien Roméo Dallaire. Dans son livre J'ai serré la main du diable, la faillite de l'humanité au Rwanda, il raconte comment le système onusien de l'époque, couplé à la paralysie de la communauté internationale, a permis au génocide de naître et de continuer jusqu'à devenir l'un des massacres les plus sanglants de l'histoire. 800 000 morts, tués pour la plupart à la machette, sous les yeux des observateurs internationaux... et du commandant de la force de paix.

L'homme a pris quelques rides, mais il se sent chez lui, lorsqu'il revient en 2004, dix ans après le génocide, dans le bâtiment de Kigali qui abritait son QG. Quelques caméras le suivent, dont celles du documentariste Peter Raymont (J'ai serré la main du diable : le voyage de Roméo Dallaire, 2004). On le lit dans ses yeux, Roméo Dallaire revit alors chaque instant de son séjour, durant lequel il commandait la mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar). L'ancien militaire, devenu sénateur du Canada, est passé par des périodes très difficiles après son retour au pays. Souffrant du syndrome de stress post-traumatique, il a reconnu qu'il avait essayé de se suicider.

L'ONU ? "Tout était un bluff"

"Tout était un bluff quand nous avons planté le drapeau de l'ONU" à Kigali, se souvient l'ex-commandant de la force de paix. Ses quelques centaines de soldats sous-équipés ne sont absolument pas capables de mener à bien leur mission. Des soldats belges complètent heureusement le dispositif onusien. "Les Belges n'auraient pas dû être là [compte tenu de leur passé colonial, NDLR], mais eux seuls étaient prêts à nous envoyer des troupes", explique Roméo Dallaire.

"En janvier 1994, une information nous dit qu'une liste de Tutsi a été faite, pour l'extermination", se souvient-il. Puis, il apprend l'existence de quatre caches d'armes, qu'il s'apprête à détruire pour enrayer l'escalade. Mais les bureaux de l'ONU à New York refusent toute opération proactive : au dernier moment, il faut annuler l'opération. "On avait l'impression d'être impuissants devant une bombe à retardement", juge-t-il. Puis arrive un événement redouté : l'exécution, le 7 avril, de dix soldats belges de la force de paix, "pour affaiblir la Minuar." Et ça marche : traumatisé, Bruxelles retire ses troupes quelques jours plus tard, accusant même Roméo Dallaire d'avoir laissé mourir ses hommes.

La responsabilité de la France

"Le 10 avril 1994, 2 500 soldats occidentaux étaient sur place, pour évacuer les civils"... occidentaux. "Aucun d'entre eux n'a fait quoi que ce soit", assène Roméo Dallaire. Parmi eux, un contingent français très bien équipé, qui est accusé d'exfiltrer aussi des acteurs du génocide, "amis de la France". Sur le tarmac de l'aéroport, les officiers français refusent de l'écouter. 

L'homme ne pardonnera jamais à la France son comportement. Et il n'est pas tendre non plus avec Bernard Kouchner, alors représentant spécial de Paris sur place, dont il relate essentiellement les gesticulations médiatiques. Encore aujourd'hui, Roméo Dallaire continue de dénoncer l'égoïsme des États, "un concept qui va permettre d'autres génocides".

"Leurs yeux n'étaient pas humains"

"À deux reprises, j'ai rencontré les dirigeants de l'Interahamwe [la milice la plus violente, NDLR]. Leurs mains étaient froides, pas en température mais comme celle d'un corps étranger. Même s'ils avaient forme humaine, leurs yeux n'étaient pas humains, ils reflétaient le mal absolu. Et le mal personnifié, pour mon éducation religieuse, c'était le diable", raconte-t-il.

Le tournant majeur intervient lorsque l'ONU renonce à toute action. Ordre est donné au contingent, à l'exception de 270 Casques bleus, de se retirer. Exaspéré par la bureaucratie onusienne, qui lui répond parfois qu'il "faut attendre lundi" lorsqu'il appelle un vendredi soir, Roméo Dallaire comprend qu'il doit se battre sur un autre front : celui de la communication. Il contacte alors des journalistes, quitte à transgresser les règles militaires. Interrogé par Peter Raymont dans son documentaire, l'ancien journaliste de CBC Michael Enright se souvient : "Ce général en situation de guerre se rend disponible au téléphone et nous parle. C'était totalement incroyable !" 

"Les chiens se déchiraient les corps"

"Pourquoi ne pas se retirer ?" lui demande un journaliste en 1994, en plein génocide. "Ce serait moralement inacceptable", répond Roméo Dallaire. "Nous avons une responsabilité de témoin actif envers la communauté internationale pour qu'elle puisse réagir", explique-t-il. "L'ONU protège 12 000 personnes dans le stade, c'est totalement hors de contrôle, comme un camp de concentration", s'alarme-t-il, alors qu'il est incapable de fournir de l'eau, des vivres ou des médicaments à cette population. 

Dans la ville, "on ne pouvait même pas ramasser les corps, les chiens les déchiraient", se souvient-il. C'est à ce moment qu'il prend conscience de "l'énorme capacité de massacre et de destruction humaine". Il est laminé et commence à perdre pied. "Certains jours, il écrivait un ordre et ça n'avait aucun sens", se souvient son adjoint d'alors, le major Brent Beardsley. Même si l'ONU lui attribue finalement un contingent militaire plus solide, "mi-juillet, il était absent", ajoute le major. "Un soir, je suis sorti sans escorte et j'ai cherché une embuscade, pour me faire tuer", reconnaît Roméo Dallaire. Quelques jours plus tard, il demande à être relevé de ses fonctions. "Je mettais la mission en péril", lâche-t-il.

"Je suis devenu suicidaire"

De retour chez lui, le général peine à vivre avec sa conscience. "En tant que commandant de l'opération, c'est moi qui suis tenu responsable des actions entreprises. Et ce, pas seulement pendant le commandement, mais aussi pendant le reste de ma vie. Je ne pouvais pas vivre avec. Je suis devenu suicidaire, car il n'y avait pas d'autre solution. Parfois, il n'y a pas d'autre solution que de jeter sa voiture par-dessus un pont. Sans aide, je serais mort", murmure-t-il.

On se prend à entendre de nouveau la bande originale du film J'ai serré la main du diable, malheureusement pas distribué en France*. Ses paroles résonnent, comme un appel désespéré venu du passé. Aujourd'hui, Roméo Dallaire, 66 ans et toujours sénateur, se bat pour éradiquer le fléau des enfants-soldats, le "système d'arme de basse technologie le plus sophistiqué utilisé au combat aujourd'hui". Un documentaire auquel il a participé, Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants, doit sortir en juin 2014.

* Nous avons essayé en vain de nous procurer légalement en France le film J'ai serré la main du diable(2007, Séville Films). Notre DVD original, acheté au Canada, n'est pas compatible avec les lecteurs européens...



http://www.lepoint.fr/monde/onu-au-rwanda-on-ne-pouvait-meme-pas-ramasser-les-corps-les-chiens-les-dechiraient-11-04-2014-1812334_24.php
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