Abdelaziz Rahabi s’exprime sur les relations algéro-françaises L’Algérie a fait des concessions “sans contrepartie” à SarkozyPar : Hafida Ameyar
Après
la visite de François Hollande à Alger, “nous sommes incontestablement
dans un processus de normalisation dans les relations
algéro-françaises”, estime M. Rahabi. Ce qui manquait et qui manque
encore à l’Algérie, c’est un traité comme le traité de l’Élysée, estime
l’ancien diplomate Abdelaziz Rahabi qui a animé une conférence samedi
après-midi au siège de la Fondation Slimane-Amirat (Alger).
“Le
traité de l’Élysée, signé entre la France et l’Allemagne en 1963, est un
traité extrêmement important. C’est un cadre bilatéral qui codifie les
relations entre les deux pays. Il est peut-être contraignant puisqu’il
exige, entre autres, une réunion des chefs d’État deux fois par an, mais
c’est aussi un traité flexible, qui a son propre rythme, ses
rendez-vous”, a-t-il expliqué. L’ancien ministre de la Communication a
également observé que les relations franco-allemandes “ne sont pas si
bonnes qu’elles paraissent”, remarquant dans le même temps que
“maintenant, il n’y a pas d’hostilité entre les deux peuples”. “C’est le
plus acquis de ce traité”, a-t-il renchéri. Qu’en est-il des relations
entre l’Algérie et la France ? D’après lui, les accords d’Évian sont en
réalité “le document constitutif des relations algéro-françaises”.
Pourtant, signalera-t-il, “nous avons le sentiment que ces accords ont
scellé l’indépendance de l’Algérie et puis, on en parle plus”. Dans son
exposé, l’intervenant a abordé les relations en dents de scie entre les
deux pays, rappelant notamment la difficulté des dirigeants français de
se faire à l’idée de l’Algérie algérienne. Selon M. Rahabi, les
relations ont commencé à “se normaliser” avec l’arrivée de François
Mitterrand à la présidence française, en 1981. Au passage, il évoquera
des avancées occasionnées par le couple Mitterrand-Chadli Bendjedid, à
l’exemple de l’accord sur l’annulation de la décision relative au retour
en Algérie de 30 000 porteurs de cartes de résidence, prise du temps de
Giscard d’Estaing, qui avait provoqué “une crise extrêmement grave”.
M. Rahabi rappellera, en outre, que l’autorisation de l’Algérie d’ouvrir
son espace aérien à l’armée française n’est pas la première avec la
crise malienne, puisque cela s’était déjà produit pour le Tchad, à
l’époque de Chadli. Seulement, après 1991 et l’interruption du processus
électoral, “toute la perception que l’Europe avait de l’Algérie a
changé”, considérant l’Algérie comme “une menace”. Concernant le traité
d’amitié et de coopération de 2004, celui-ci fait penser, dira-t-il, à
“la diplomatie de spectacle”. Mais, il sera vite remis en cause après
l’adoption, en France, de “la loi parlementaire” du 23 février 2005.
M. Rahabi signalera que c’est au cours de cette année 2005 que “le
concept de repentance est sorti pour la première fois de la bouche de
Sarkozy”. “Ce concept sorti en France a traversé la frontière et est
devenu un produit algérien”, a-t-il indiqué. Mais qu’en est-il de la
relation Bouteflika-Sarkozy ? Pour M. Rahabi, l’Algérie a fait
“des concessions” à Nicolas Sarkozy, à travers les contrats signés “sans
aucune contrepartie”. Dans l’étape suivante et après la visite, en
décembre dernier, de François Hollande à Alger, “nous sommes
incontestablement dans un processus de normalisation dans les relations
algéro-françaises”. Le conférencier préviendra toutefois qu’en ce
moment, on ne peut pas parler des relations entre ces deux pays, sans
évoquer la conjoncture régionale.
En marge de la rencontre, l’invité
de la Fondation Amirat a laissé entendre que le processus de
normalisation entre Alger et Paris doit tenir compte du problème du
Sahara occidental, de la coopération sur la sécurité régionale et du
partenariat stratégique, auquel a appelé la déclaration commune d’Alger,
publiée à l’issue de la visite de François Hollande. Interpellé sur la
crise malienne, M. Rahabi est revenu sur “le choix souverain” de
l’Algérie de ne pas intervenir militairement au Mali, en insistant sur
le fait qu’il faut “consulter l’Algérie et l’associer aux efforts de
stabilisation du Mali”. Pour le diplomate, l’Algérie est concernée par
tout ce qui se passe à ses frontières, car “les implications de la crise
malienne sont réelles et parfois immédiates sur notre propre sécurité
nationale”. “L’avenir du Mali est, à ce titre, stratégique pour
l’Algérie”, a-t-il dit. Puis d’ajouter à propos de la prochaine phase
que “celle-ci est la phase politique, (qui) doit tenir compte des
intérêts de l’Algérie”.
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