IMPORTANT!!!!! Algérie : pourquoi le pouvoir veut casser le mouvement des chômeurs Par Mélanie Matarese le 22 mars 2013 14h38
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Ce qui guette assurément
le mouvement des chômeurs, ce n’est pas l’essoufflement de ses
militants. Mais l’arsenal de subterfuges que le système déploie pour
faire imploser le Comité national. Petit manuel du clonage, de la
diabolisation et du redressement.Tahar Belabbès lors de la manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Ouargla,
à la veille de la manifestation du 14 mars. Une dizaine de jeunes, des
chômeurs, ont pris place sur les chaises installées dans la salle. Sur
le mur, des affiches, déjà abîmées, des dernières législatives
rappellent que l’on se trouve dans un local de TAJ, le parti de Amar
Ghoul. Un député arrive et s’installe devant eux avec trois autres
militants du parti. «Restez chez vous ! Les organisateurs de cette
marche obéissent à un agenda étranger visant notre chère patrie !»
Qatar. Depuis
quinze jours, le système tout entier s’est mis en branle pour faire
imploser le mouvement des chômeurs. Dans la presse, le leader du Comité,
Tahar Belabbès, est accusé de comploter contre l’intégrité de son pays
depuis l’étranger, alors que l’administration refuse de lui délivrer un
passeport depuis six mois. Sur les réseaux sociaux, journalistes-relais
des services ou de la Présidence voient dans la moindre photo
«l’implication du Qatar» qui aurait payé les leaders du Comité. Et dans
le Sud, les élus et des notables locaux sont mobilisés pour casser
l’appel à la marche «Milioniya». Alors que le Comité appelle à un
rassemblement à Laghouat et à Oued Souf pour «un Etat de droit», des
députés (de TAJ, encore) appellent à une contre-manifestation à Ouargla
pour affaiblir le mouvement.
«Ces méthodes sont les méthodes
classiques du pouvoir pour affaiblir la protestation sociale depuis les
années 1980, explique un ancien leader associatif. Autant la répression
directe pouvait fonctionner quand l’opposition agissait dans la
clandestinité, autant le système ne pouvait plus y avoir recours une
fois les revendications devenues publiques. Alors il a changé de
stratégie. Il a utilisé d’autres techniques.» Le noyautage, la
récupération, le clonage, la décrédibilisation.
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Infiltration. «Le
principe est simple : tu crées ton association. On t’envoie des
adhérents tous gentils qui finiront pas se retourner contre toi, raconte
un proche des chômeurs du Sud. Soit ils y parviennent, ils te sortent
et ils vident ton association de sa substance. Soit ils restent
minoritaires et montent une dissidence qui deviendra un clone de ton
association.» Les associations ne sont pas les seules visées. Les
syndicats ont aussi payé très cher leur volonté de s’autonomiser de
l’UGTA. Là encore, la technique est imparable : «Là où un véritable
syndicat autonome appelle à une grève le samedi, le «faux» syndicat, qui
prétend avoir les mêmes objectifs, appelle à une grève un autre jour.
Ou la veille, déclare que le gouvernement a accepté la plateforme des
revendications et que le mouvement est levé», explique Yacine Zaïd,
syndicaliste et militant des droits de l’homme.
En 2009, un
rapport toujours d’actualité du Comité international de soutien au
syndicalisme autonome algérien écrivait : «Dans l’Algérie des années
2000, animer un syndicat autonome consiste autant à défendre les
travailleurs qu’à esquiver les manœuvres incessantes de déstabilisation,
d’infiltration et de corruption du pouvoir. Les organisations
syndicales indépendantes, en refusant toute sujétion autre que celle due
à leurs adhérents, sont la cible principale de l’action des services de
la police politique de l’armée, le DRS.»
Le Syndicat national
autonome des personnels de l’administration de Rachid Malaoui en sait
quelque chose. «Si le vrai Snapap résiste à l’implosion, c’est d’une
part parce que son syndicat n’a pas offert le terrain favorable à la
manipulation, reconnaît Mouloud Boumghar, juriste. Il a réussi à
préserver l’indépendance du vrai Snapap à l’égard du pouvoir et aussi le
mettre à l’abri des luttes partisanes en insistant sur l’autonomie du
syndicat à l’égard de tout parti politique, même démocrate et de
gauche.»
Virussé. Après une première tentative de clonage
en 2002, le Snapap est virussé par un clone en 2004. «Ses dirigeants
ayant refusé de soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika à la
présidentielle d’avril, un «dissident» isolé organisa un congrès qui
bénéficia du soutien actif de l’administration, peut-on lire dans le
rapport 2009 du Comité international de soutien au syndicalisme autonome
algérien. Immédiatement ce Snapap-bis reçut une subvention, alors que
le Snapap n’eut droit qu’à de dérisoires soutiens conjoncturels des
pouvoirs publics. Au mépris de la loi et de la réalité factuelle, la
justice a attribué au Snapap-bis le petit appartement (avec la
documentation et le matériel entreposés) qui servait de siège au
syndicat. L’expulsion manu militari des occupants légitimes s’est
effectuée avec brutalité et sans aucun recours possible.»
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Positions claires. Presque dix ans plus tard, Rachid Malaoui, le président du Snapap,
tient bon face à celui qui est présenté comme le véritable interlocuteur
du pouvoir à la télé, Belkacem Felfoul. «Il faut dire qu’il mène des
campagnes de sensibilisation sur le clonage auprès de sa base et des
travailleurs, ajoute une militante. Nous sommes très au fait des menaces
qui pèsent sur notre cohésion.» Et Mouloud Boumghar d’ajouter : «Il a
aussi aidé à la création des collectifs — chômeurs, bloggeurs… — a su
tisser un réseau d’amitiés syndicales à l’international, qui lui donnent
une bonne visibilité et permet de distinguer le vrai syndicat qui
défend les droits des travailleurs du faux, fruit du clonage, relais du
régime auprès des travailleurs. Enfin, et c’est très important, le vrai
Snapap a des positions claires sur l’articulation des luttes sociales et
des luttes pour les droits de l’homme et la démocratie. Il est très
actif sur le terrain de la défense des droits de l’homme et des libertés
publiques (liberté syndicale, d’association, de réunion, droit de
grève...) et de la lutte pour la démocratie. Cela fait une très nette
différence avec son clone.»
En politique, on appelle cette
tactique le «redressement». Quasiment tous les partis historiques ont eu
à en subir les redoutables effets ces derniers mois. En 2009 déjà, le
CISA détaillait la règle du jeu : «Les partis légalisés, ayant encore
une base réelle et une direction indépendante du pouvoir, ont été
systématiquement depuis 1990 l’objet de manœuvres de divisions internes.
Scénario classique : des militants ‘‘dissidents’’, agissant sur ordre,
décident d’un congrès de ‘‘redressement’’. Une ‘‘direction’’ est élue
dans les conditions les plus illégales et le parti passe sous la coupe
du pouvoir.»
Frontières. L’autre carte jouée par
le système, c’est celle de la régionalisation. «En 2001, le pouvoir a
réussi à régionaliser le mouvement citoyen de Kabylie en lui attribuant
des leaders d’opinion qui ne pouvaient avoir une adhésion nationale, se
souvient Karim Tabbou, ancien secrétaire général du Front des forces
socialistes. Il est même allé très loin en poussant certains à réclamer
l’autonomie pour empêcher le courant de prendre une envergure nationale.
Sa technique : fixer des frontières et mobiliser les spécificités
régionales, les archaïsmes, la corruption et la cooptation de faux
représentants.»
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Contre-pouvoirs.Pour
l’ancien leader du premier parti d’opposition, ce calcul est une
erreur, car le pays ne peut être fort et stable que grâce à une société
civile solide. «Des jeunes qui revendiquent ont un projet national,
contrairement au pouvoir qui est un club d’amis qui prône le
régionalisme. Le pouvoir politique ne peut être fort que par le soutien
de sa population.» Là réside tout le paradoxe. Car le régime casse les
contre-pouvoirs pour assurer son maintien. «Le problème, c’est que le
régime attaque toute force naissante et critique en créant un clone pour
la casser, observe Mouloud Boumghar. Sa démarche est une démarche de
destruction. Il est incapable de susciter un engouement spontané qui lui
soit favorable et lorsqu’il crée des syndicats ou des associations à sa
solde, ils bénéficient de la complaisance de l’administration et
n’attirent, avec tout l’argent que le pouvoir déverse sur eux, que les
opportunistes. Avec le clonage, il crée de la confusion et avec «sa»
société civile, il achève de détruire l’image des syndicats et
associations aux yeux des Algériens.
Menace. L’objectif est
clair : la décrédibilisation de la société civile pour susciter le
rejet et la démobilisation.» Un militant associatif du Sud résume :
«Pour le pouvoir algérien, la respiration normale de la société
constitue une menace. Bien sûr, ces techniques de gestion de la société
ne sont pas propres à l’Algérie. Tous les régimes autoritaires
fonctionnent comme ça. En France, par exemple, les RG recueillent des
informations et leur travail s’arrête là. S’ils les utilisent, c’est
pour protéger les intérêts du pays à l’étranger, pas contre leurs
propres citoyens au moment où ils exercent leurs droits
constitutionnels.»
L’objectif de ces manipulations ? Couper les
têtes pour dire : «Vous voyez, il n’y a pas de leader, ce sont de
simples jacqueries.» Ou empêcher l’émergence d’un leader naturel pour ne
négocier qu’avec les leaders que le régime a lui-même fabriqués. «Une
logique contre-productive, note un proche du Comité des chômeurs. Car en
faisant émerger celui d’à-côté, qui leur assure médiocrité et
allégeance, ils cassent la valeur travail/mérite.» Détail rassurant : le
complot ne marche pas à tous les coups. «Parfois ils réussissent –
comme lors de l´élection présidentielle de 2004 où l´on a vendu avec
maestria la thèse de la «neutralité de l´Armée» par exemple, les gens
ont cru jusqu’au bout que l’armée était neutre, rappelle le politologue
Mohammed Hachemaoui, chercheur au German Institute for International
Affairs de Berlin.
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)FIS. Parfois
ils échouent. Avec le FIS, l´appareil prétorien n’a pas compris qu’il
avait en face de lui un parti populaire, un parti de masse. Lors du
congrès de Batna en 1991, les gens cadres intermédiaires du FIS avaient
fini par comprendre le piège de la grève insurrectionnelle de juin 1991 :
ils ont décidé d´écarter le chef de l’organique du parti, Saïd Guechi,
tant il était perçu comme le relais du DRS de la police politique. Une
nouvelle direction menée par Abdelkader Hachani a émergé, déjouant ainsi
complètement les plans de l’appareil autoritaire. Pis, Hachani s’est
révélé un politique : il a écarté les radicaux aussi bien que les
éléments soupçonnés de rouler pour la police politique, et évité
l’implosion du parti. Modéré, il demandait le respect de la Constitution
de 1989. Le complot de la grève insurrectionnelle du FIS a certes
permis à l’appareil autoritaire d’atteindre son premier objectif
immédiat, celui de faire tomber les réformateurs du gouvernement, mais a
échoué à atteindre son objectif ultime : celui de reprendre le contrôle
de la transition par la récupération ou l’émiettement du FIS.
Piégé
par Hachani, qui s’est de surcroît rapproché, entre les deux tours des
législatives de décembre 1991, du FLN de Mehri et du FFS d’Aït Ahmed,
l’appareil autoritaire n’avait plus d’autre choix pour arrêter la
transition démocratique avant qu’elle n’atteigne son point de
non-retour, que la solution du coup d’Etat. Le coût politique, humain,
social, économique et moral de cette logique de survie du régime
autoritaire est énorme. Ses conséquences sont visibles aujourd´hui
encore.»
Tahar Belabbès lors de la manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Récupération. Les
manipulations peuvent-elles miner la solidarité des chômeurs ? Il est
encore trop tôt pour le dire. Le mouvement reste fragile. «Même s’il
fait preuve d’une certaine maturité en déjouant toute tentative de
récupération et tout débordement», comme l’observe le sociologue Saïb
Musette. «Il est menacé par un double danger, estime Fodil Boumala, un
des fondateurs de l’ancienne Coordination nationale pour le changement
et la démocratie (CNCD) qui a aussi explosé en plein vol après quelques
mois d’existence, malmenée par le régime mais aussi (et surtout ?)
victime de luttes partisanes internes. D’un côté, par les tentatives de
récupération du pouvoir. De l’autre, par celles des mouvement dits
‘‘d’opposition’’, comme Rachad (les ex-FIS à l’étranger, ndlr).»
En
tardant à réagir et en jouant le pourrissement, autre technique, le
régime pourrait également parvenir à le neutraliser. A moins qu’il ne
décide de distribuer la rente sous forme de budgets et d’emplois, ce qui
aurait le même effet. Mais le mouvement développe aussi, de façon
consciente et inconsciente, des parades à ces stratégies de sape.
L’inéluctable politisation de revendications d’abord économiques (accès à
l’emploi, à la formation, à un salaire) en est une.
Etat de droit. Le dernier communiqué du Comité — «Toutes les décisions du gouvernement
à la suite du dernier mouvement de revendications ne peuvent être
appliquées en l’absence d’institutions propres et crédibles qui
appliqueraient la loi sur le terrain» — rend très clair le tournant
qu’il est en train d’amorcer. «Depuis 2011, on nous dit qu’il faut
rester sur des revendications socioéconomiques, s’insurge un militant.
L’Etat est d’accord quand on réclame du pain, du sucre ou des emplois,
mais au nom de quoi on n’aurait pas le droit de parler de politique ?»
Rachid Aouin lors de la manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Rachid
Aouin, membre du Comité, essaie de minimiser : «Nous n’appelons pas au
‘‘départ d’un régime corrompu’’, nous voulons simplement que les hommes
adéquats soient placés dans les postes adéquats. Il faut des
institutions crédibles pour bien appliquer les mesures promises.» Mais
pour le politologue Mohammed Hachemaoui, il n’y a rien de plus
«politique» que la revendication d’un Etat de droit. «Dénoncer des
inégalités socioéconomiques est profondément politique car cela revient à
dénoncer la corruption Refuser de parler avec les instances du pouvoir
formel et exiger de discuter avec les représentants du pouvoir réel
révèle le niveau de politisation élevé des leaders de ce nouveau
mouvement social, assure-t-il.
Statu quo. En
Tunisie, le mouvement social du bassin minier de Gafsa, en 2008, ne
revendiquait pas la chute du régime ; ses revendications n’en étaient
pas moins démocratiques, donc politiques. Ces six longs mois de
résistance tenace face à la dictature de Ben Ali constituent même le
socle de la révolution tunisienne. Tahar Belabbès et ses amis, en
déjouant les dispositifs de la répression et du clientélisme, ont
administré un effet de démonstration. Leur mouvement social constitue de
ce point de vue le point de départ d’un nouveau cycle de contestations.
Or, la corruption politique, qui colonise l’Etat et génère le
mal-développement, creuse les inégalités et alimente la prise de parole
des laissés-pour-compte. Cette contradiction qui habite le système
algérien ne peut pas tenir longtemps avec un statu quo autoritaire.»
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Confiance. L’autre force du mouvement, c’est sa cohésion interne. «Malheureusement
pour le pouvoir, Tahar Belabbès ou même Abdelmalek Aïbek (le numéro 2
du Comité, ndlr) sont maintenant très connus. Et si un communiqué est
diffusé sans qu’aucun des deux ne le signe, les chômeurs vont se
méfier», assure Yacine Zaïd. La politologue spécialiste de l’Algérie à
la Fondation sciences et politique de Berlin, Isabelle Werenfels,
constate aussi que «la technique du pouvoir pour neutraliser ce genre de
mouvement consiste à créer de la méfiance à l’intérieur même de ces
initiatives. Or, dans ce cas précis, cette tâche lui est difficile parce
que la proximité qui règne entre les chômeurs (réunions de quartier,
leaders proches et bien identifiés…) crée justement de la confiance
interne.»
Résultat : à Laghouat, les chômeurs qui manifesteront ce
samedi passeront aussi un message au wali. «Pendant que les meneurs
étaient jetés en prison (condamnation à un mois de prison ferme pour des
manifestants début mars, ndlr), le wali de Laghouat choisissait de
recevoir ceux qui l’intéressaient, rappelle Yacine Zaïd. Les chômeurs ne
sont pas dupes : ils comptent bien lui dire que ces gens-là ne les
représentent pas.»
Abdelmalek Aïbek regarde aussi avec beaucoup de
recul les mouvements parallèles en train de se former. «Une tactique
prévisible. La rue est consciente de tout cela. La preuve, les députés
que le gouvernement utilise comme des pompiers ont été chassés par la
population à Ouargla !» Isabelle Werenfels pense que c’est de cette
adhésion que le Comité peut tirer sa plus grande force. «Si ce mouvement
a l’adhésion de différentes couches sociales, des femmes notamment, il
pourra mobiliser encore plus de segments et il sera alors plus difficile
au pouvoir de le casser. Et s’il échappe en plus aux cercles de zaouïas
et des tribus, il sera encore plus compliqué de le diviser.»
Manifestation du 14 mars à Ouargla. (Crédit : A. Meddi)Dialogue social. Enfin,
les médias dont les réseaux sociaux, contribuent aussi à rendre la
manipulation plus visible. «Le pouvoir pouvait bien accuser les arouch
de séparatistes, personne n’était là pour dire le contraire à part eux.
Aujourd’hui, il existe des images pour contrer son discours, note Yacine
Zaïd. Lors de la manifestation du 14 mars à Ouargla, tout le monde a vu
à la télévision les militants du Comité hisser le drapeau national !»
Le sociologue Saïb Musette préfère voir dans le succès de la
manifestation du 14 mars et l’absence de réponse policière «une nouvelle
donne» qui «augure d’un changement dans l’écoute de la société civile.
Le dialogue social devient possible. C’est de cette manière que les
principes de la non-violence peuvent être intériorisés de part et
d’autre».
Le gouvernement a même demandé à rencontrer les chômeurs
du Comité. Pour Fodil Boumala, le gouvernement n’a plus le choix.
«Depuis 1999, le discours officiel a toujours mis en avant les
‘‘réalisations socioéconomiques’’ en mettant de côté les réformes de
l’Etat, la justice, la gouvernance. Il a voulu banaliser les
revendications politiques et répondre grâce à la rente aux
revendications socioéconomiques.
Périphérie. Mais cette
démarche a échoué. Il se retrouve maintenant dans l’impasse. Alors il
fait comme il a toujours fait : entre la carotte et le bâton, il
improvise.» Isabelle Werenfels considère aussi que le système réagit
aussi «en retard» comme il a l’habitude de le faire face à ce qui
survient «en périphérie», alors que «les mouvements y sont plus
profonds», puisque loin du centre, ils ont pris le temps de se
construire et d’émerger. «Dans la mentalité du pouvoir, pas seulement en
Algérie, en Europe aussi, le danger ne peut venir que des grandes
villes. Dans le Sud, le pouvoir voyait venir d’autres dangers :
terrorisme ou instabilité régionale, remarque-t-elle. En Tunisie, le
gouvernement délaisse complètement la misère des régions intérieures,
comme Gafsa et Redeyef. Ennahda n’a pas retenu la leçon de Sidi Bouzid…»
Cet article a été co-écrit avec Adlène Meddi et publié dans El Watan Week-end.http://blog.lefigaro.fr/algerie/2013/03/pourquoi-le-pouvoir-veut-casser-le-mouvement-des-chomeurs-1.html