Un grand Monsieur. respect!
Daniel Timsit (1928-2002)
Daniel Timsit est né à Alger le 16 janvier 1928 dans une famille
modeste de commerçants juifs. Descendant d’une longue lignée
judéo-berbère, sa mère est constantinoise, son père natif d’Alger où il
tenait un magasin de tissus et son
grand-père maternel étant grand-rabbin. Il a grandi tout naturellement
dans un milieu où cohabitent Juifs, Arabes et Pieds-noirs.Dans un
documentaire réalisé par Nasredine Guenifi, l’ancien militant s’exprime
sur l’évolution de l’Algérie, explique ses engagements et parle de son
identité algérienne : « Je n’ai jamais été un Européen » déclare-t-il.
Adolescent, il fait l’expérience de l’exclusion du lycée, en
application des mesures antijuives de Vichy à Alger, avant de retourner
en classe après le débarquement américain du 8 novembre 1942.
Son engagement dans la lutte indépendantiste, dès les premiers jours de
l’appel émancipateur du Front de libération nationale (FLN), le 1er
novembre 1954. En 1955 il entame des études de médecine il faisait alors
partie de l’Union des étudiants communistes (UEC) à l’université
d’Alger. Sa principale activité avait été la mise sur pied, avec ses
camarades de section, à Birkadhem, à la périphérie immédiate d’Alger,
d’un laboratoire du Parti communiste algérien, de fabrication de bombes,
et la fabrication de bombes destinées au Front de libération nationale
(FLN) et aux Combattants de la libération (branche armée du PCA). Puis
entrera dans la clandestinité en mai 1956, il participe au réseau bombes
de la ZAA de Yacef Saadi, durant la Bataille d'Alger.
Arrêté
en octobre 1956 il est fortement brutalisé et jugé en mars 1957, Daniel
Timsit sera détenu à El Harrach (anciennement Maison Carrée) où il
devient matricule 6024, puis à Lambèse et enfin transféré en France aux
Petites Baumettes à Marseille en janvier 1960, à la fin de cette année
il épouse Monique Antoine, avocate, elle aussi, en phase avec la lutte
pour l'indépendance de l'Algérie. Il est libéré en 1962 à Angers. Il
passe ses examens de médecine.
A l'indépendance de l’Algérie,
il est nommé au cabinet de Ammar Ouzzegane, alors ministre de
l'Agriculture, puis à celui de Bachir Boumaza. Daniel Timsit est l'un
des inspirateurs de l'autogestion agricole.
Comme beaucoup
d'Algériens non musulmans, il est choqué par la loi sur la nationalité
algérienne votée par l'Assemblée nationale en 1963. Cette loi fait de
lui un étranger. La citoyenneté algérienne lui est accordée par décret,
grâce à l'intervention de ses proches amis, lui qui, comme il aime à le
dire, est algérien depuis des millénaires.
Il faut rappeler que
les frères de Daniel Timsit et sa sœur étaient également engagés dans
les réseaux de la résistance pour la libération de l’Algérie. Leur sœur
avait été elle aussi arrêtée et torturée lors de la Bataille d’Alger.
Au lendemain du coup d'état du 19 juin 1965, le Dr Daniel Timsit dont
les amis ministres furent démis de leur fonction, quitta à son tour le
gouvernement et ouvrit un cabinet médical à Alger, qu'il ne tarda pas à
fermer. Il reprend son activité médicale à Alger avant d’entamer une
longue carrière au CMS, toujours au plus près de ses idéaux.
Il
regagna la France en 1967 où il devient un spécialiste
d'endocrinologie. Depuis cette période il ne revit l'Algérie qu'une
seule fois, c'était a l'occasion de l'enterrement de son beau frère et
ami de jeunesse l'écrivain Kateb Yacine décédé en 1989.
Le
docteur Daniel Timsit qui a pris sa retraite en 1993, décède d’un arrêt
cardiaque le 1er aout 2002 à Paris à l’âge de 75 ans. Il est enterré le 2
août 2002 à Montbel, dans le Midi, lieu natal de sa femme Monique,
enveloppé de son burnous, celui qu'il portait pendant les soirées
hivernales parisiennes, loin de sa terre ancestrale, l'Algérie.
La mère de Daniel Timsit, morte en 1967, est enterrée au cimetière de
Bologhine (Alger). Son père, à l'indépendance, était président de la
communauté juive restée en Algérie. Il rejoint son fils à Paris en 1970,
quasiment à la fin de sa vie, chez qui il s'éteint en 1971.
Le
9 Mai 2011, le Centre de santé de Gennevilliers est baptisé au nom du
Docteur Daniel TIMSIT, en présence de ANTOINE-TIMSIT Monique son épouse,
et de ses filles Véronique et Sandra.
Les frères de Daniel
Timsit et sa sœur étaient également engagés pour l’indépendance. Sa sœur
a été arrêtée et torturée lors de la Bataille d’Alger.
Parmi les livres de Daniel Timsit :
Algérie, récit anachronique
Récits de la longue patience - Journal de prison 1956-1962, édités chez Bouchene Alger et co-édité à Paris par Flammarion