l'hélicoptère de combat russe Ka-50/52 Hokum / Blackshark.
Ka-50/52 Hokum / Blackshark HistoriqueEn 1976, l’URSS lance une compétition entre les bureaux d’études Kamov et Mil pour un nouvel hélicoptère de combat plus léger et plus maniable que le Mi-24 tout en restant rustique (jusqu’à 15 jours de déploiement loin de sa base). Kamov propose un projet original dénommé V-80, qui deviendra le Ka-50, face au Mi-28 de Mil. Ce programme sera l’un des plus mouvementés de la période post soviétique. En effet, le premier vol du Ka-50 a eu lieu en juin 1982 et il est officiellement retenu en 1987 après une période d’essais comparatifs avec le Mi-28. Mais avec la chute des budgets militaires dans les années 1990, le premier Ka-50 n’entre en service qu’en août 1995 et la production de série lancée en 1991 par l’usine Progress (Arsenyev) s’interrompt en 1996 après la livraison de seulement 4 Ka-50 de série. Le premier prototype d’une variante biplace, le Ka-52, effectue quant à lui son premier vol en juin 1997 mais cela n’empêche pas Mil de poursuivre quand même le développement de son Mi-28 et de faire voler cette même année son Mi-28N de combat nocturne. La
compétition Kamov / Mil est alors relancée et le Mi-28N parviendra finalement à s’imposer comme le futur hélicoptère de combat de la nouvelle armée russe. Le Ka-50 est quand même engagé au combat en Tchétchénie en 2000-2001 à titre d’expérimentation opérationnelle en conditions réelles dans laquelle il fera bonne figure. En 2003, le ministère russe de la défense annonce son intention de commander 12 Ka-52 pour les forces spéciales. Ils ne seront commandés qu’en 2009
lorsque les budgets seront mis en place mais quelques Ka-50 supplémentaires ont entre temps été construits à partir de cellules neuves datant des années 1990 et livrés en 2008-2009. Finalement, la production du Ka-52 sera poursuivie (140 commandés en 2011) en parallèle à celle du Mi-28N qui commence à rééquiper les unités d’hélicoptères de combat de l’armée russe. Le Mi-24 aura donc deux successeurs !
Le Ka-50 est un monoplace à double rotor contra-rotatif (la spécialité de Kamov mais jusqu’ici jamais vue sur un hélicoptère de combat !) alors que les rivaux américains de l’époque (Cobra, Apache) et le Mi-28 de Mil retiennent tous une configuration biplace en tandem et une architecture classique à un seul rotor principal. Selon Kamov, les principaux avantages du double rotor contra-rotatif sont de diminuer la masse et le gabarit de la plateforme, en se dispensant par exemple de la mécanique complexe du rotor anti-couple arrière, ainsi qu’une meilleure maniabilité, fiabilité et survivabilité. Ce dernier point est contesté par d’autres experts qui font remarquer qu’un rotor serait susceptible d’impacter l’autre en cas
d’impact de projectile ennemi. Reste que le Ka-50 présente une silhouette plus discrète que celle du Mi-28. Le choix d’un monoplace est justifié par les systèmes embarqués modernes du Ka-50 qui doivent réduire la charge de travail du pilote. Ce point est aussi contesté et Kamov développera d’ailleurs la variante biplace Ka-52. Il retiendra par contre une configuration côte à côte au lieu du tandem du Mi-28, de l’Apache ou du Tigre. Kamov justifie ce choix, là encore unique au monde
sur un hélicoptère d’attaque, par la facilité et la rapidité de communication entre les deux membres d’équipage. Ce qui facilite le partage des tâches. Kamov fait également remarquer que cette disposition accroit la survivabilité : en cas d’explosion latérale, le corps d’un des pilotes fait office de protection pour le second...
Le Ka-50/52 est propulsé par 2 turbines Klimov TV3-117VMA (VK-2500) de 2190 cv initialement mais portées à 2460
cv dans la version de série. Ce qui doit lui permettre d’opérer aisément par temps chaud et à haute altitude (jusqu’à 5500 mètres). La survivabilité du Ka-50/52 passe par une cellule blindée (en plaques d’aluminium et d’acier capables de résister à des impacts de 12,7 mm), un train d’atterrissage renforcé et des sièges anti-crash pour l’équipage, une transmission capable de fonctionner 30 minutes sans huile, des éléments de rotor capables de résister à des projectiles de 20 mm, des dispositifs d’atténuation de la signature IR sur les échappements des turbines ainsi qu’une suite d’auto-protection complète
(détecteurs d’alertes laser/radar/missiles, lance-leurres, brouilleurs IR en bouts d’ailes). Cerise sur le gâteau, l’équipage est assis sur des sièges éjectables K-37-800 ! Ce dispositif unique au monde sur un hélicoptère nécessite au préalable l’éjection des rotors eux-mêmes.
L’avionique du Ka-52 comprend 5 écrans couleurs LCD. Le pilote assis sur le siège gauche dispose en plus d’un petit écran entre ses jambes ainsi que d’un HUD. Pilote et navigateur disposent tous deux de jumelles de vision nocturne et disposeront à terme d’un casque avec viseur intégré. L’optronique est regroupée dans deux boules sous le nez. La plus grosse, la GOES-451 fournie par UOMZ, permet l’acquisition de cibles et le tir des armements. Elle comprend une caméra TV, un imageur thermique, un télémètre laser, un désignateur laser et un système de visée laser. La seconde, la TOES-520, permet la navigation avec une caméra TV et un imageur IR. Un radar Arbalet-52 en bande X (Phazotron-NIIR) est également intégré dans le nez et non sur le rotor contrairement au Mi-28N. Il permet la navigation tout temps, l’évitement d’obstacle, la cartographie du terrain et la détection de cibles fixes ou mouvantes. Il n’a par contre pas encore de mode de reconnaissance automatique des cibles détectées. Des radios et un IFF complètent le tout.
L’armement comprend des paniers de roquettes classiques (20 x 80 mm ou 5 x 122 mm), des missiles anti-chars AT-9 Spiral-2 (9M120-1 Ataka) et AT-16 Scallion (Vikhr 1), des missiles air-air SA-18 ainsi que des bombes à chute libre (250 et 500 kg) ou encore des pods canons bitube de 23 mm, des disperseurs de mines...
L’AT-9 (6 km) serait utilisé contre l’infanterie et les véhicules légers principalement (guidage radio ou IR avec charge HE ou thermobarique) et l’AT-16 (10 km) contre les chars et aéronefs (charge en tandem explosant à l’impact ou à proximité). L’intégration du missile air-surface à longue portée Hermès-A (15-20 km) encore en développement serait également prévue
ultérieurement. Par contre, le Ka-52 ne dispose pas d’un canon en tourelle comme la plupart des hélicoptères de combat actuels mais d’un puissant canon 2A42 de 30 mm (460 coups avec double alimentation) intégré sur le côté droit près du centre de gravité de l’hélicoptère. Il est orientable à la verticale entre 3,5° / -37° mais le Ka-52 doit se déplacer être face à sa cible. Ce canon est donné comme rustique, fiable et très précis tout en étant capable de tirer la gamme de munitions de
30 mm des véhicules de combat de l’armée russe. Soit un avantage logistique certain. La cadence de tir est de jusqu’à 900 coups par minute et la portée efficace maxi de 4 000 mètres.
Versions Ka-50 Blackshark :
version monoplace de base désignée Hokum A par l’OTAN. Les premiers exemplaires étaient uniquement destinés au combat de jour avant que ne soit adapté un système de vision nocturne rendant le Ka-50 opérationnel par tous les temps. Les appareils ainsi équipés ont été désignés Ka-50N ou Ka-50Sh. Le Ka-50 a successivement été dénommé "Werewolf " puis
"Blackshark" dans sa version export. Le premier prototype a effectué son premier vol en 1982 suivi d’un second en 1983 et d’un troisième en 1986. 5 Ka-50 de pré série ont suivi entre 1987 et 1991. Le Ka-50 a été admis en service en 1984 comme successeur du Mi-24 et produit à 4 exemplaires de série (livrés en 1995-1996) avant de céder sa place à la fois aux Mi-28N et Ka-52. La production a repris dans les années 2000 (4 à 5 Ka-50 livrés en 2008-2009 à partir des cellules neuves produites dans les années 1990) avant d’être définitivement abandonnée au profit du Ka-52.
Ka-50-2 :
version export du Ka-50 proposée à la fois en variantes monoplace, biplace côte à côte et biplace en tandem. Le Ka-50-2 devait disposer d’équipements et armements israéliens et/ou occidentaux pour les besoins export. Il a notamment été proposé sans succès à l’Afrique du Sud, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, la Malaisie, la Syrie et la Turquie (variante biplace en tandem désignée "Erdogan").
Ka-52 Alligator :
version biplace désignée Hokum B par l’OTAN et commune à 85% avec le Ka-50. La principale différence réside dans l’aménagement du cockpit 2 places et dans les équipements plus perfectionnés. Le premier prototype a effectué son premier vol en juin 1997 suivi d’un second en juin 2008, du premier Ka-52 de pré série en octobre 2008 et de 3 autres en 2009. Le
ministère russe de la défense a commandé les 12 premiers Ka-52 de série cette même année. A noter qu’ils ne disposent pas de l’ensemble des équipements optroniques, radar et avioniques prévus car les essais étatiques complets du Ka-52 ne se sont achevés qu’en novembre 2011. Ils seront donc retrofités ultérieurement. La production du Ka-52 se poursuit actuellement dans le cadre d’un contrat pluriannuel allant jusqu’en 2020.
Ka-52K :
version navalisée du Ka-52 destinée à embarquer sur les futurs bâtiments amphibies BPC de la marine russe à l’horizon 2015. Le premier prototype est attendu fin 2012 en vue de livraisons de série à partir de 2014. Le Ka-52K bénéficiera de pales et d’ailes repliables, d’un train d’atterrissage renforcé, d’un traitement anti-corrosion ainsi que de nouvelles capacités comme la lutte anti-navire. Il intègrera pour cela une variante spécifique et allégée (80 kg au lieu de 275 kg) du radar Zhuk-A (Phazotron-NIIR) équipant actuellement l’avion de combat Mig-35. Ce radar AESA sera installé dans un nouveau cône de nez et permettrait de détecter un destroyer à 200 km ou un chasseur à 130 km (performances de la version du Mig-35 devant être reproduites sur Ka-52K grâce à de nouvelles technologies de miniaturisation). Il permettra ainsi le tir de
missiles anti-navires Kh-31A (100 km de portée) et Kh-35 (130 km).
existe en deux versions, le Kamov 50 monoplace, et le Kamov 52 Biplace dont voici l'intérieur de cockpit. cette dernière version équipera les BPC Mistral acquis auprès de la France
essais d'appontage sur un Mistral
le Kamov 52 à des pales du double rotor repliables