Tension Anglo-Espagnoles

Officiellement, la frégate fera escale à Gibraltar dans le cadre d’une série d’exercices militaires en Méditerranée et dans le Golfe, baptisés Cougar’ 13, et prévus de longue dates. Attendue la semaine prochaine, elle doit participer à ces manoeuvres avec neuf autres vaisseaux britanniques dont quatre bâtiments de guerre, tous partis lundi. Ainsi, le porte-hélicoptères HMS Illustrious, parti aussi de Portsmouth, a été autorisé par l’Espagne à faire escale sur la base navale de Rota, au sud du pays. Mais Cougar’ 13 permet aussi de « démontrer la capacité à mener une force maritime extrêmement efficace n’importe où dans le monde pour protéger les intérêts britanniques », a estimé le ministère britannique de la Défense.

Or, l’Espagne revendique la possession de ce petit bout de territoire prospère (son PIB a augmenté de 7,8 % en 2012) sur lequel vivent 30.000 habitants, considéré par certains comme un petit paradis fiscal. La demande espagnole de rouvrir les discussions sur le « contentieux » concernant Gibraltar, initiée en février 2012, se fait à présent de plus en plus insistante, mais se heurte depuis toujours à un refus de la part du gouvernement de Gibraltar. Le conflit a rebondi fin juillet après la construction en mer, par les autorités du territoire, d’un récif artificiel de béton. Une opération dénoncée par Madrid, qui voit là un dispositif entravant le travail des pêcheurs espagnols. Depuis,de longues files d’attente se sont formées à la frontière entre l’Espagne et l’enclave britannique . Les autorités du territoire accusent Madrid de multiplier les contrôles douaniers en représailles à la construction du récif, et n’excluent pas de porter le conflit sur le terrain juridique. Le porte-parole de David Cameron a demandé la fin des contrôles accrus aux frontières, qu’il juge « motivés par des considérations politiques et totalement disproportionnés ». « Nous envisageons désormais les recours juridiques dont nous disposons », a-t-il ajouté.

Madrid a par ailleurs fait savoir qu’elle envisageait une démarche commune avec l’Argentine auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Argentine, par la voix de sa présidente Cristina Fernàndez de Kirchner, revendique la souveraineté sur les îles Malouines, à l’extrême sud de l’Argentine, sous contrôle britannique depuis 1833. Le ministre espagnol des Affaires étrangères est attendu à Buenos Aires en septembre, à l’occasion de la 125è session du Comité international olympique, chargée de désigner la ville organisatrice des JO de 2020, parmi lesquelles figure Madrid. L’occasion d’un échange avec son homologue argentin sur la question d’une éventuelle offensive diplomatique commune à organiser, d’autant que l’Argentine est membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU jusqu’en 2014.