Très gros contrat d’armement en perspective entre la Russie et l’Algérie, suite à la visite du vice-ministre de la Défense et chef d’état-major, Gaîd Salah, à Moscou. Bien que ce déplacement se soit fait à l’invitation du chef d’état-major russe Valery Vassilievitch Gerazimov, il vient conclure de longues négociations entreprises par l’ANP avec de nombreux fournisseurs russes, une façon donc pour le patron de l’Armée rouge de ramasser l’ensemble des contrats et de les faire valider par son homologue algérien.
Si très peu d’informations ont filtré sur ce voyage, il est aisé, en constatant la composition de la délégation algérienne, de deviner certaines choses.
Outre la présence des commandants de forces concernées par les achats, le fait que le général major Akroum, directeur central du matériel, tend à confirmer le volet transfert de technologie. Pour ceux qui suivent le fait militaire, il est aussi aisé d’émettre des suppositions sur la nature des contrats, sachant que bon nombre d’équipements a été préalablement évoqué. Pis encore, l’actuel plan de modernisation et les récentes acquisitions montrent des «trous» à combler.
Ce contrat sera probablement de l’ordre du précédent accord de 2007 avec la Russie qui était à l’époque évalué à 7 milliards de dollars, ou celui signé en 2010 avec l’Allemagne et qui portait sur une enveloppe de 10 milliards de dollars.
Les bribes d’informations une fois recollées donneraient le schéma de commande suivant : des S400 et des Tor pour la défense aérienne du territoire, sachant que l’Algérie, qui est l’unique pays arabe possédant les S300PMU2, avait exprimé sa volonté d’augmenter le nombre de brigades de cette redoutable arme (le S300 n’étant plus produit, c’est vers la dernière version qu’elle va se tourner), le Tor servira à protéger à la fois les sites sensibles et les systèmes de DCA. Les forces aériennes connaîtront aussi une petite révolution avec la probable commande de deux à quatre escadrons de bombardiers tactiques à long rayon d’action Su32 (version export du Su34) et l’introduction de trois escadrons d’hélicoptères d’attaques lourds Mi 28. Véritable char volant, il permettra de renforcer la flotte vieillissante de Mi24MKII et s’occupera de la chasse aux terroristes dans le grand Sud algérien.
D’autres Yak 130, cette fois optimisés pour l’attaque au sol, sont aussi sur les tablettes de l’armée de l’air, ainsi qu’un complément des précédentes commandes du chasseur Sukhoi 30, véritable fer de lance de l’AAF, qui, cette fois, sera livré au format actuellement adopté par la Russie, SM au lieu de l’ancien format adopté par l’Inde que nous utilisons actuellement le MK A.
Bien que secret, le chiffre des Su30 avoisinera la centaine d’unités à l’horizon 2016. La Russie qui est à la recherche de financements ne manquera pas de répéter les propositions faites récemment à l’Inde et au Brésil, d’investir dans le programme de l’avion furtif de cinquième génération PAK-FA, qui verra le jour vers 2020. Ce qui expliquera le désintérêt de plus en plus marqué de l’Algérie pour le Su35, jugé trop similaire au Su30. Concernant la marine, l’acquisition la plus remarquable sera probablement celle des systèmes terrestres antinavires Bastion, qui permettraient à l’Algérie de complètement verrouiller la Méditerranée occidentale et bloquer le détroit de Gibraltar.
Ce système acquis pas la Syrie a très vite été ciblé par une attaque coordonnée israélo-américano-rebelle vu son caractère critique. Plus demais c’est la résurgence des pourparlers autour des Corvettes lourdes Steregushchy (20380) qui semble indiquer un partenariat pour une construction en Algérie de ces bâtiments, deux ou trois unités seraient visées par les forces navales algériennes.
L’armée de terre enfin verra les discussions autour des nouvelles versions des chars T90MS se concrétiser, l’on évoque le chiffre de 180 unités commandées. Idem pour la version de support BMPT Terminator qui aurait été choisie dans sa nouvelle itération.
Le fait qu’il n’y ait pas eu de bruits, ces cinq dernières années, sur des commandes pour l’artillerie, laisse penser que le parent pauvre de l’armée de terre sera probablement doté d’engins de fabrication non russe.
A l’exception du lance-roquettes multiple à longue distance Smerch qui pourrait voir son parc augmenter suite à la signature de ce nouveau contrat. Si pour les non-initiés ce mégacontrat paraît excessif, il n’est en fait qu’un renouvellement de la flotte qui a souffert de l’embargo des années 1990 et du vieillissement normal des équipements et leur obsolescence. Il est aussi une réponse qualitative aux nouvelles menaces régionales, guerres de Libye, terrorisme au Sahel, agressivité marocaine, qui font que si la carte de l’Algérie n’a pas été modifiée en 50 ans d’indépendance, son territoire militaire s’est étendu de manière dramatique ces cinq dernières années.
Il est sain de penser que ce contrat sera le dernier de cette ampleur, mais sera encore soutenu par des achats de mise à jour de qualité les prochaines décennies.
Reste la question de la production militaire nationale qui mériterait un plan plus large que l’ambitieux plan
actuel et qui gagnerait à voir un secteur privé et une université impliqués.
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