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| Techniques de contre-insurrection. | |
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Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Techniques de contre-insurrection. Sam 7 Juil - 6:51 | |
| S'il y a une cinquantaine d'année, les insurrections visaient à l'indépendance de pays colonisés, pas mal d'insurrections de nos jours sont des mouvements terroristes s'attaquant à des civils.Un article du blog secret défense de Libération. 29/07/2010 Livre : les trois "Principes de la contre-insurrection" et leurs limites Il faut lire " Principes de contre-insurrection", le livre que trois colonels, Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain et Nicolas Le Nen, viennent de publier. Il faut le lire car les trois auteurs, forts de leurs lectures et de leurs expériences opérationnelles, illustrent "l'indispensable dynamisme de le pensée militaire", comme l'écrit l'amiral Guillaud, chef d'état-major des armées, dans la préface de l'ouvrage. Il faut le lire, surtout - ce qui est mon cas - si l'on reste sceptique sur cette idée de contre-insurrection. Car il s'agit d'une présentation, à la fois claire, nuancée et courte, qui entend poser quelques bases pratiques. S'inspirant de Galula et du Field Manual 3-24 américain, nos trois auteurs ont identifié trois principes de la guerre de la guerre contre-insurrectionnelle : "la légitimation de l'action, l'adaptation au contexte local et la marginalisation de l'ennemi". Prudents, ils reconnaissent que "l'application de ces trois principes n'a pas été la cause directe de la victoire des forces régulières, leur non-respect a toutefois provoqué leur échec". Condition nécessaire mais pas suffisante, ces trois principes sont longuement décrits à partir d'exemples historiques. Les trois colonels ne repèrent que de "rares succès", trois en l'occurrence : les Américains aux Philippines et les Britanniques en Malaisie et en Irlande de nord. C'est maigre. Ailleurs, ce fut l'échec, par exemple en Algérie avec les Français, un cas sur lequel on aurait aimé que les auteurs s'étendent un peu plus. Rien non plus, ou presque, sur la Tchétchénie. A lire l'ouvrage, on se rend compte que les guerres contre-insurrectionnelles ne sont qu'un nouvel avatar des guerres coloniales. Elles seraient en rupture avec le "modèle occidental de la guerre", qui consiste à " anéantir l'adversaire". Adieu Foch, Good morning general Petraeus ! Arrêtons nous un instant sur le premier principe, la " légitimation de l'action". "Cette légitimité sera à conquérir en premier lieu auprès de sa propre opinion publique, puis auprès de celle de ses alliés et enfin au sein de celle du pays dans lequel elle agira". Etrange idée que d'avoir à "conquérir" une légitimité auprès de sa propre opinion publique : il pourrait sembler que cette légitimité était un préalable qui justifiait l'engagement militaire. Mais comme le reconnaissent les auteurs, " l'opinion est versatile". "Il est donc indispensable de faire appel au plus vieux ressort de la guerre pour légitimer une intervention contre-insurrectionnelle : la préservation de la sécurité de la population". Une telle approche n'est pas sans poser de problème. Car, si "les adversaires des démocraties occidentales ont très vite identifié quel était le centre de gravité de leurs ennemis, leur opinion publique", toute information qui agit sur l'opinion publique, sans aller dans le sens voulu par les partisans de la guerre, devient ipso facto, une collaboration aux objectifs de l'ennemi. Pour les connaître, on ne soupçonnera pas les auteurs d'ambitions liberticides, mais leur raisonnement en contient les prodromes. La guerre contre-insurrectionnelle conduit automatiquement les militaires à investir le champ politique, dans leur propre pays et là où ils interviennent. Ce n'est pas sans risque et d'abord pour eux. Les auteurs pointent " l'indispensable coopération entre le décideur politique et le chef militaire dans la conception et la conduite de ce type de conflit (...) qui "a parfois conduit à une politisation du corps des officiers et provoqué des dissensions entre les armées et le gouvernement". Là encore, on eût aimé que les trois colonels s'étendent un peu plus sur le cas français en Algérie. Dans sa préface, le chef d'état-major des armées est bien conscient des risques lorsqu'il écrit " que ce n'est pas parce que les armées de contre-insurrection ont des mobiles essentiellement politiques que les armées doivent se politiser". Les deux autres principes d'adaptation au contexte local et de marginalisation de l'ennemi mériteraient de notre part d'aussi longs développements. Les auteurs plaident ainsi pour la "perméabilité à la culture d'autrui, sans jamais perdre de vue les objectifs politiques de sa propre société". Quant à elle, la marginalisation de l'ennemi nécessite "un contrôle rigoureux du terrain" qui nécessitent des effectifs importants. On comprend que la contre-insurrection soit aujourd'hui si populaire dans les cercles militaires, notamment de l'armée de terre. Elle justifie le maintien d'effectifs importants dans l'infanterie et permet de participer aux conflits actuels dans le cadre de " l'approche globale" - ce qui est une façon de ne pas endosser la responsabilité de l'échec éventuel, puisqu'il est sans cesse clamé que la victoire ne peut être militaire. Reste que la politisation inévitables des armées dans le cadre de ce type de conflit est un vrai risque, dont il est n'a pas certain, au vu des maigres résultats pointés par les auteurs eux-même, que le jeu en vaille en chandelle. Surtout lorsqu'on risque de se brûler les doigts avec la même chandelle. Notre histoire ne l'a que trop montré. Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain, Nicolas Le Nen, "Principes de contre-insurrection" Editions Economica, 114 pages, 19 euros. Rédigé le 29/07/2010 à 11:18 | Lien permanent | |
| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Sam 7 Juil - 7:32 | |
| La contre-insurrection l'autre victime de l'Afghanistan
Par Isabelle Lasserre Mis à jour le 30/03/2012 Le 15 mars dernier, des soldats français de l'Otan lors d'une opération militaire dans la province de Kaboul, en Afghanistan. Crédits photo : SHAH MARAI/AFP Conjuguant des approches sécuritaires, politiques et économiques, la doctrine de contre-insurrection vise à rallier les populations en les isolant des insurgés grâce à un travail de protection des civils et de formation des forces locales. En 2008, elle avait été présentée comme un remède miracle à la guerre. Tel le génie d'Aladin, elle devait réaliser tous les vœux de la coalition. Conjuguant des approches sécuritaires, politiques et économiques, la doctrine de contre-insurrection, utilisée par les Français en Algérie et en Indochine, vise à rallier les populations en les isolant des insurgés grâce à un travail de protection des civils et de formation des forces locales. Au début de la guerre, en 2001, la contre-insurrection avait pourtant mauvaise réputation. «Les militaires français faisaient un blocage psychologique, à cause de l'Algérie», explique un officier supérieur. Quant aux Américains, ils ne voyaient pas l'intérêt de mener ce type de guerres réputées longues et coûteuses, persuadés que l'alliance des forces spéciales, de la technologie et de la puissance aérienne suffirait pour gagner. Depuis 1945, les conflits de contre-insurrection ont duré en moyenne quatorze ans, selon une étude de la Rand Corporation. Ce n'est qu'après les échecs successifs de la coalition que la doctrine contre-insurrectionnelle - COIN en anglais - s'est imposée en Afghanistan. «Elle est devenue une mission par la force des choses, quand les talibans ont réinvesti les parties orientale et australe du territoire», écrivent les chercheurs Jean-Jacques Patry et Nicole Vilboux dans un essai pour la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). De longues années perdues. «La politique des débuts a produit des effets tactiques -le départ des talibans de Kaboul -, mais elle n'a pas eu de résultats stratégiques décisifs», explique le colonel Michel Goya, chercheur à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (Irsem). Pourquoi? Les choix initiaux - prendre pour cible tous les talibans au lieu de se focaliser sur al-Qaida - se sont avérés improductifs. Les Américains ont sous-estimé la capacité d'adaptation des insurgés. Accaparés par la guerre en Irak, ils n'ont pas vu qu'ils se réimplantaient dans les provinces pachtounes. Ce n'est qu'à partir de 2008 que la doctrine française de contre-guérilla, qui entre-temps fut appliquée avec succès en Irak par le général Petraeus, est réinventée à Washington pour l'Afghanistan. Quatre ans plus tard, force est de constater qu'elle n'a pas tenu ses promesses. Les talibans ont repris le contrôle dans les provinces, les attentats se multiplient et l'annonce du départ des troupes étrangères sonne comme un aveu d'échec. L'assassinat de quatre militaires français par un soldat afghan, les émeutes qui ont éclaté après l'incinération d'un coran, le coup de folie d'un sous-officier américain ayant tué 16 civils: l'actualité nous montre à quel point la confiance, qui doit servir de socle à la contre-insurrection, paraît brisée entre les Afghans et les troupes étrangères. «La contre-insurrection n'est efficace que si on s'en donne les moyens», résume le général Vincent Desportes, ancien patron de l'École de guerre. En Afghanistan, elle a été appliquée de manière incomplète, trop tardivement et après huit ans de tâtonnements. Les techniques de contre-guérilla exigent de solides effectifs humains. En Algérie, Paris avait envoyé 450.000 hommes pour 8 millions de personnes, soit un militaire pour 20 civils. Pour pacifier la zone pachtoune et ses 12 millions d'habitants, il aurait fallu 600.000 hommes. On est loin des 130.000 militaires de l'Otan en Afghanistan. «La poussée démographique est l'un des problèmes de la contre-insurrection moderne. Les échelles de population ne sont plus les mêmes qu'avant», explique le colonel Goya. Jeter le bébé avec l'eau du bainEn Irak, le succès du «surge» avait été permis par le retournement des tribus sunnites contre al-Qaida. En Afghanistan, les forces étrangères n'ont pas réussi à gagner la confiance de la population. Les méthodes agressives des soldats américains et la multiplication des bavures sont entrées en contradiction avec les principes de la guerre contre-insurrectionnelle, qui doit «gagner les cœurs et les esprits», empêchant le basculement des populations civiles. Autre explication de l'échec: «Au XXe siècle, la contre-insurrection s'appuyait sur la consolidation de l'État, considéré comme une source de modernité et de progrès. Or, en Afghanistan, l'État hôte fait défaut, privant d'objet les stratégies de conquête du soutien populaire», notent Jean-Jacques Patry et Nicole Vilboux. En s'appuyant sur les impopulaires seigneurs de guerre, en soutenant des institutions faibles et corrompues, la coalition a indirectement freiné la constitution d'un État digne de ce nom. Elle a donné des arguments aux talibans, qui dénoncent le régime «pourri» de Kaboul. Exhumée avec réticence des guerres de décolonisation, la contre-insurrection pourrait bien faire les frais de l'aventure afghane. Dans les états-majors, elle semble déjà passée de mode. Ceux qui l'encensaient n'en parlent plus. Les autres annoncent sa prochaine disparition. «Elle est en train de vivre ses derniers jours», prédit un officier de l'armée de terre. En pleine crise économique, alors que les budgets de la défense sont passés au rabot, elle exige des moyens, humains notamment, que la France ne peut plus guère s'offrir. «Les armées françaises ne sont plus capables de mener seules une guerre de ce type. Elles ne peuvent plus avoir que des effets tactiques. Nous ne pourrions pas refaire l'Algérie. Dans le camp occidental, seuls les Américains ont encore les moyens de mener une telle campagne», regrette un colonel français. À Paris, la tentation de considérer la guerre en Libye comme un modèle d'intervention dessert aussi les intérêts de la COIN. «La Libye est un cas d'école. C'est un peu l'hypothèse idéale», estimait récemment le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. Une guerre zéro mort - pour les soldats de la coalition - sans bavure et qui n'a pas coûté trop cher. De là à «jeter le bébé avec l'eau du bain», il n'y a qu'un pas, que de nombreux officiers de l'armée de terre ne veulent pas franchir. «Croire qu'on peut régler les sales guerres sans envoyer d'hommes au sol est une illusion. Si nous avons gagné en Libye, c'est parce que les opposants ont fait le boulot au sol. Une guerre, quels que soient les moyens utilisés, se termine toujours à terre», rappelle un responsable militaire. Les méthodes de contre-insurrection restent selon lui éternelles. Dans la période d'incertitude stratégique qui s'annonce, avec le développement d'organisations non étatiques, elles ont théoriquement encore de beaux jours devant elles. D'autant que la prolifération des armes, l'affaiblissement des instruments régaliens et les nouvelles technologies de l'information donnent à ces organisations des capacités nouvelles. «Il faut se méfier des effets de mode», prévient un officier général. La puissance militaire américaine est telle que l'armée de terre aura toujours les capacités de répondre à toutes les menaces et de réinvestir rapidement dans la contre-insurrection en cas de besoin. La France n'a pas les mêmes moyens de remontée en puissance… | |
| | | rimonidz Admin
Messages : 3054 Date d'inscription : 09/02/2012
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Sam 7 Juil - 7:48 | |
| excellent zoubir8 d'ouvrir le débat sur la contre-insurrection, l'un des principaux sujet d'études dans les écoles de commandement et d'état-major occidentales. | |
| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Sam 7 Juil - 7:49 | |
| Le nouveau manuel US de contre-insurrection | AUTEUR: Álvaro de Souza Pinheiro, 19 mars 2007
Traduit par Traduit par Fausto Giudice
| Une armée professionnelle d’occupation peut-elle battre une insurrection s’appuyant sur le peuple du pays occupé ? Éternel problème des armées impériales. Les Britanniques l’ont expérimenté en Afghanistan tout au long du XIXème sièce, en Irak et en Malaisie au XXème siècle, les Français en Indochine et en Algérie, les Japonais en Chine et les USA en Indochine. Les théories de la contre-insurrection ont été développées par les penseurs militaires britanniques puis français. Il aura fallu une trentaine d’années après la cuisante défaite du Vietnam pour que les penseurs militaires US osent enfin lever le tabou et élaborent un manuel pour affronter le problème qu’ils rencontrent en Irak et en Afghanistan, où ils ne parviennent pas à venir à bout d’une guérilla menée par des forces extrêmement mobiles, connaissant bien le terrain et ancrées dans la population. Ce manuel s’appelle en toute simplicité « Counterinsurgency » - contre-insurrection – et il nous est présenté par un général brésilien qui ne peut cacher son admiration mais exprime néanmoins des doutes sur les possibilités pour l’armée US de battre l’insurrection en Irak et en Afghanistan. (NdT)
Fait inédit et extrêmement significatif dans l’histoire militaire contemporaine US, les commandements de l’Armée de terre du Corps des Marines ont publié le 15 décembre 2006 un nouveau manuel qui établit la doctrine la plus récente sur les opérations militaires de contre-insurrection. Le fait que le FM 3-24 (US Army Field Manual) et le MCWP 3-33-5 (Marine Corps Warfighting Publication) constituent une seule et même publication - “Counterinsurgency”- démontre amplement l’importance désormais acquise par la mise au point d’une doctrine commune en matière de contre-insurrection pour la conduite des combats au sol contre des forces irrégulières. Le nouveau manuel ambitionne de combler un vide qui se faisait sentir depuis longtemps dans les forces armées US. Le dernier manuel spécial de contre-insurrection de l’Armée de terre avait été publié il y a vingt ans et celui des Marines il y a vingt-cinq ans. Le thème de la contre-insurrection a été vu avec un grand mépris par la grande majorité des professionnels US, éduqués et formatés dans le contexte de la guerre conventionnelle, laissant son étude à des niches spécifiques, surtout les Forces spéciales. Les prémices de base de l’élaboration de ce nouveau manuel ont été que l’actualisation de la doctrine militaire, même si elle ne devait pas ignorer les acquis historiques, devait désormais prendre en considération les expériences contemporaines les plus récentes, acquises sur les théâtres d’opérations d’Afghanistan et d’Irak. Le manuel a été élaboré au US Army Combined Arms Center de Fort Levenworth au Kansas, sous la direction du Général David H. Petraeus qui, commanda la 101ème Division aéroportée durant l’Opération Iraqí Freedom. Il est évident que ce n’est pas pure coïncidence que le General Petraeus, à peine achevée l’élaboration de ce manuel, ait été nommé commandant des Forces de la coalition en Irak, fonction qu’il occupe depuis janvier 2007.
Considérations générales La nouvelle orientation doctrinale précise qu’aussi bien l’Armée de terre que le Corps des Marines reconnaissent que les insurrections, au fil du temps, ont chacune son contexte et ont donc chacune des caractéristiques propres, ce qui n’est pas étonnant. L’idée force est que l’on ne peut affronter des fondamentalistes radicaux islamiques de la même manière que l’on avait mené le combat contre le Viet Cong (Vietnam) ou les Moros (Philippines). L’application de principes et de fondamentaux dans le combat contre chacun de ces groupes présente des différences considérables, principalement en fonction de la différence entre les environnements opérationnels. Il n’en reste pas moins que toutes les insurrections, y compris celles qui ont lieu actuellement, qui sont caractérisées par des matrices éminemment adaptables, possèdent des certaines caractéristiques communes. Il s’agit de conflits qui se développent au milieu de la population civile non combattante, avec une forte présence de forces irrégulières, lesquelles, bien qu’extrêmement hétérogènes dans leurs capacités, recourent toutes à des idées-force standardisées et mènent leurs actions dans un contexte expressément révolutionnaire, dont le grand objectif est la chute du régime en place et la prise du pouvoir par l’emploi de la subversion e de la lutte armée. Tous ces aspects sont examinés tout en tenant compte d’un facteur aggravant pour la conduite complexe de la stratégie militaire US, à savoir que les opérations de contre-insurrection doivent être menées sur le territoire de « Pays hôtes » (Host Nations”), c’est-à-dire des nations alliées qui reçoivent des USA des moyens humains et matériels destinés à leurs forces armées, pour affronter les insurrections. Le nouveau manuel veut établir des lignes directrices doctrinales pour la conduite d’une campagne de contre-insurrection. Campagne qui, selon les conceptions les plus récentes, doit être planifiée et menée dans un contexte mixte d’offensive, de défensive et d’opérations de stabilisation, exécutées en présence de lignes opérationnelles diversifiées. Des forces engagées dans des campagnes de ce type, en plus d’être dotées d’aptitudes particulières au combat, doivent être en mesure de reconstruire des infrastructures de base, de rétablir des services publics essentiels ainsi que des institutions gouvernementales fiables et des forces de sécurité locales capables de maintenir l’ordre. C’est l’équilibre entre activités militaires, essentiellement opérationnelles, et civico-sociales, apparemment antagoniques entre elles, qui peut assurer le succès d’une telle campagne. Le manuel préconise que la conduite efficiente et efficace de campagnes de contre-insurrection exige des unités de combat, un appui au combat et une logistique éprouvés, flexibles, adaptables à divers théâtres et surtout, dirigés par des commandants agiles, culturellement bien informés et astucieux. Il faut garder présent à l’esprit que, bien que les récentes interventions militaires US depuis la fin de la Guerre froide aient inclus des campagnes à forte connotation non-conventionnelle, comme celles de Panamá (1989), Somalie (1992.1993), Haití (1994), Bosnie (1995), Kosovo (1999), Afghanistan (depuis 2001) et Irak (depuis 2003), en général, les opérations contre des forces irrégulières n’ont suscité qu’indifférence tant de la part des responsables de la politique de sécurité nationale que parmi ceux chargés délaborer la doctrine militaire US depuis la fin de la Guerre du Vietnam, il y a plus de 30 ans.
Guerres anglo-afghanes (1819-1939) Le nouveau manuel vise à renverser cette tendance et constitue un document d‘orientation de la planification et de l’exécution d’opérations de ce type, en particulier à l’échelon des bataillons et au-dessus (brigades, divisions et corps d’armée).
Synthèse de la structure et du contenu
Le manuel commence au chapitre 1 –“Insurgency and Counterinsurgency”- par une description approfondie et bien étayée des bases fondamentale qui ont marqué l’évolution des insurrections et leurs conséquences sur les processus de contre-insurrection. Il ressort qu’en fonction de l’indiscutable supériorité militaire US dans le domaine conventionnel, ses ennemis potentiels développent des techniques, des tactiques et des procédés de guerre irrégulière, afin de créer des environnements opérationnels typiques des conflits asymétriques, où se mêlent la technologie moderne et des méthodes anciennes d’insurrection et de terrorisme. Il apparaît que ce serait une grave erreur stratégique de tenter de vaincre de type de menace par les moyens conventionnels traditionnels qui mettent l’accent sur la manoeuvre et la puissance de feu massive et concentrée. On souligne que l’expérience réelle a démontré qu’une telle conception conduit habituellement à l’échec. Après avoir analysé des aspects très particuliers de l’actualité, comme par exemple les connexions fortes entre insurrections, terrorisme et crime organisé dans diverses parties du monde, le chapitre 1 énumère une série de principes de base indispensables à la conduite d’opérations de contre-insurrection, concluant par une approche objective et comparative des pratiques opérationnelles qui ont réussi et de celles qui ont échoué. Dans le chapitre 2 –“Unity of Effort: Integrating Civilian and military Activities”- le manuel présente une vision de la participation indispensable d’organisations non-militaires, qu’elles soient gouvernementales ou non, dans les campagnes de contre-insurrection, s’attachant aux techniques et procédures facilitant l’indispensable intégration entre activités civiles et militaires. Afin d’optimiser le partage des responsabilités, sont pris en considération des aspects particuliers, comme l’établissement de mécanismes d’intégration entre civils et militaires, avec une prédilection pour le “Civil Military Operations Center” (CMOC), indispensables pour mener à bien un effort de contre-insurrection.
Dans le chapitre 3 –“Intelligence in Counterinsurgency”-, le manuel se concentre par séquences sur les caractéristiques de l’activité de contre-insurrection : l’incontournable préparation en matière de renseignement à réaliser sur le théâtre opérationnel avant toute opération ; les aspects essentiels de planification et d’exécution d’opérations de renseignement,de reconnaissance et de surveillance ; les aspects essentiels de contre-renseignement et de contre-reconnaissance comme moyens essentiels de protection de la force ; et le collaboration en matière de renseignement avec d’autres agences, notamment celles du pays où l’on agit. Dans ce chapitre, est martelée la maxime selon laquelle, dans une campagne de contre-insurrection bien menée, il est impératif que “le renseignement conduise les opérations ». Dans le chapitre 4 –“Designing Counterinsurgency Campaigns and Operations”- le manuel décrit en profondeur les questions essentielles à examiner dans la méthodologie que nécessitent les diverses phases de planification des campagnes de contre-insurrection. Le chapitre contient des annexes mises à jour sur le déroulement du “travail de commandement”, au moment de la planification au niveau des bataillons et au-dessus.
Vietnam, 1967 Dans le chapitre 5 –“Executing Counterinsurgency Operations”- le manuel met l’accent sur les fondamentaux essentiels de la conduite d’opérations de contre-insurrection, abordant par séquences le type d’opérations; les lignes opérationnelles logiques dans la contre-insurrection; et les considérations essentielles dans les diverses approches du modèle employé. Il souligne que les opérations doivent être conduites en prenant en considération la vision holistique de l’environnement opérationnel qui se présente, en ayant toujours à l’esprit la nécessaire “intégration du commandant” et en ne perdant pas de vue la « situation finale désirée ». Dans le chapitre 6 –“developing Host-Nation Security Forces”- le manuel aborde le problème complexe et crucial du développement des forces de sécurité du pays hôte. On y discute les questions les plus significatives par rapport aux défis à relever, aux moyens à employer et à une définition parfaite de la situation finale désirée. On accorde une importante toute particulière à la formation de forces de police locales efficientes et efficaces ainsi qu’à leur rôle dans la campagne de contre-insurrection. Dans le chapitre 7 –“Leadership and Ethics Counterinsurgency”-, le manuel aborde les questions relatives au leadership et à l’éthique dans la contre-insurrection. Sur la base d’expériences vécues très récemment, dont certaines extrêmement négatives et traumatisantes, sont exposés les principes de base pour orienter le leadership aussi bien aux échelons les plus élevés qu’aux plus bas. . Dans ce contexte, les considérations éthiques qui sont particulièrement mises en relief concernent surtout les relations avec la population et le personnel des diverses institutions du pays hôte. On aborde en particulier la conduite différenciée à observer dans les actions de combat et dans les actions policières de contrôle de la population et des ressources ; les procédures à suivre pour réduire au minimum les pertes dans la population civile non combattante, y compris en assumant les risques que de telles procédures impliquent. On trouve aussi des considérations essentielles de caractère éminemment éthique, sur des règles à observer en permanence et en priorité lors de la capture et de l’interrogatoire d’éléments suspects. Deux parties de ce chapitre sont impressionnantes de par l’accent mis sur les considérations : « Limites dans la détention » et « Limites dans les interrogatoires ». La préoccupation pour les valeurs éthiques et morales impliquées dans le contexte du dilemme posé par l’extraction d’informations de prisonniers, visant à réduire les pertes dans ses propres forces, est abordée avec un réalisme sans pareil. Il fau remarquer que dans aucune autre publication doctrinale US, les problèmes de ce genre n’ont été abordés avec un tel réalisme, une telle adéquation et une telle pertinence. Et il est évident que le processus de recueil d’expériences est en train de donner des résultats bénéfiques significatifs. Dans le dernier chapitre, le chapitre 8 –“Sustainment” (Appui logistique)- le manuel contient des considérations sur l’appui logistique qu’il faut développer dans les campagnes de contre-insurrection. Les principes généraux de base sont examinés objectivement; l’attention est attirée par les considérations émises dans la partie “Contracted Logistic Support” (Soutien logistique sous-traité), concernant la manière de sous-traiter les activités logistiques, y compris à des entreprises du pays hôte. Ici aussi, il s’agit d’un thème qui n’avait jusqu’ici jamais été examiné aussi à fond d’un point de vue doctrinal. Le manuel est complété par cinq appendices : Appendice A- Un Guide pour l’ action; Appendice B- Analyses sociales et autres outils analytiques; Appendice C- Soutien linguistique; Appendice D- Considérations juridiques ; Appendice E- La force aérienne dans la contre-insurrection. On trouve également une bibliographie spécifique, un glossaire des termes militaires et des références militaires.
Conclusion La réception du manuel Counterinsurgency” est actuellement excellente, non seulement dans les forces armées US, mais aussi dans la plupart des forces armées du monde occidental. Une grande partie des armées de l’OTAN est justement en train de reformuler ses propres manuels, en prenant comme base le nouveau manuel US. Il ne faut pas voir dans l’accueil fait à ce manuel un événement ayant des conséquences politiques. Il ne fait pas de doute que nous avons là le document de doctrine en matière de contre-insurrection le mieux élaboré que l’on ait jamais vu dans le monde occidental. Et ce n’est pas le fruit d’une coïncidence qu’il ait été conçu comme fruit des leçons tirées de campagnes extrêmement complexes qui ont exigé un important tribut du sang, aussi bien de professionnels que de civils non combattants, dans diverses parties du monde et à diverses époques. Les ennemis potentiels et latents des USA cherchent toujours plus à développer des tactiques, des techniques et des méthodes pour tenter d’échapper aux formes traditionnelles et conventionnelles qui caractérisent la formidable et, plus que jamais, inégalée puissance militaire US. Les points de vulnérabilité qui sont apparus dans des campagnes historiques aux résultats adverses comme au Vietnam, au Líban et en Somalie ont orienté les menaces actuelles asymétriques qui basent la poursuite de leurs objectifs sur la subversion, la guérilla et le terrorisme, sans déprécier pour autant les avancées technologiques comme, par exemple, celles fournies par Internet. La vérité est que les conflits armés actuels du XXIème siècle, caractérisés par la présence intensive de forces irrégulières, souvent motivées par un fanatisme religieux dramatique, mêlées à des masses de population de nuances diverses, sont en train de démontrer clairement que la victoire ne peut pas dépendre des seuls facteurs militaires, bien au contraire Le nouveau manuel qui vient de sortir matérialise un effort important pour reconnaître que les campagnes de contre-insurrection doivent être développées sur le long terme, et que la victoire ne se mesure pas au nombre d’éléments irréguliers capturés ou tués ni au nombre d’attaques quotidiennes victorieuses. Il faut avant tout faire preuve de patience et de détermination dans la poursuite des objectifs, qualités que la société US n’est pas toujours disposée à démontrer. Plus que « gagner la guerre », ce qui est fondamental aujourd’hui, c’est « gagner la paix ». C’est là le grand fondamental qui synthétise toute l’expérience recueillie dans ce nouveau manuel. Mais, bien que ce soit sans aucun doute l’objectif de cette magnifique publication militaire professionnelle, rien n’assure que les USA atteindront pleinement leurs objectifs nationaux actuels, tant sur le plan mondial, dans leur « Guerre mondiale contre le terrorisme » qu’au plan régional, sur les théâtres d’Afghanistan et d’Irak.
Source : defesanet Álvaro de Souza Pinheiro est général de brigade de réserve de l’armée brésilienne et analyste militaire spécialisé dans les opérations spéciales et la guerre irrégulière. Traduit par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs. URL de cet article : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=2353&lg=fr |
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| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Sam 7 Juil - 7:52 | |
| - rimonidz a écrit:
- excellent zoubir8 d'ouvrir le débat sur la contre-insurrection, l'un des principaux sujet d'études dans les écoles de commandement et d'état-major occidentales.
Merci pour votre remarque. Quand on voit ce qui se passe en Syrie et quand on voit les menaces d'Aqmi, je me dis que le sujet est d'actualité. Même si ce qu'on peut trouver sur le Net ne correspond pas forcément exactement aux cas cités (Aqmi, ...). Mais bon, à chacun de proposer des textes, des idées. Encore merci. | |
| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Dim 15 Juil - 15:41 | |
| Sur différents terrains de combat où se livrent des guerres asymétriques, l'hélicoptère est de plus en plus utilisé. Quelques retours d'expérience trouvés sur le Net.
Enseignement n° 1. Les hélicoptères contribuent grandement à la mobilité et à la sûreté de la manoeuvre aéroterrestre sur des théâtres aux infrastructures limitées et face à un ennemi recourant aux embuscades mais se déplaçant exclusivement par voie terrestre.
Enseignement n° 2. Le faible nombre d’appareils disponibles et les capacités d’emport exercent une contrainte majeure sur les armées européennes.
Enseignement n° 3. Les canons constituent l’armement le plus utilisé par les hélicoptères de combat américains en Irak. Leur précision en fait un outil adapté à des engagements dans lesquels les combattants ennemis sont imbriqués avec les combattants amis ou des civils.
Enseignement n° 4. Les hélicoptères d’attaque ont un effet dissuasif pour les combattants ennemis. De plus, leur présence rassure les troupes au sol.
Enseignement n° 5. L’hélicoptère n’est pas seulement un outil au profit de la manoeuvre et du combat. Il peut aussi servir à l’acquisition du renseignement et être utilisé comme plateforme de commandement selon les besoins des troupes au sol et les contraintes de la mission.
Enseignement n° 6. Moins bien protégés que les blindés et plus exposés que les avions, les hélicoptères sont des cibles vulnérables.
Enseignement n° 7. Les armes légères constituent la principale menace pour les hélicoptères en opération sur le théâtre afghan. Par contre, les dégâts les plus importants sont le fait de RPG.
Enseignement n° 8. Si la menace MANPADS (lance-missile antiaérien portatif) est réelle, le risque d’escalade demeure modéré. Cependant, à plus ou moins long terme, en raison de la diffusion des savoirs et savoir-faire ainsi que des rivalités interétatiques, la menace MANPADS ne pourra que se développer.
Enseignement n° 9. Les MANPADS ont eu en Afghanistan, durant la guerre contre les Soviétiques, un rôle surtout indirect, exerçant une contrainte sur les hélicoptères et diminuant leur efficacité opérationnelle.
Enseignement n° 10. Les accidents et incidents non hostiles (toutes origines confondues) sont la première cause de destruction d’hélicoptère. En revanche, le ratio perte d’hélicoptères/ nombre de morts montre que les risques mortels sont plus importants suite à une action hostile en zone de combat.
Enseignement n° 11. Pour des combattants disposant de peu d’armes sol-air et confrontés à la supériorité aérienne ennemie, détruire les aéronefs au sol a été privilégié dans les affrontements de la fin de la Guerre froide. La diffusion des systèmes de vision nocturne et la protection des bases aujourd’hui limite cependant ce mode d’action.
Enseignement n° 12. L’utilisation d’armes lourdes contre des hélicoptères requiert de pouvoir se déplacer en sûreté. La maîtrise des airs et les capteurs des forces armées occidentales limitent l’emploi de ces armes et les insurgés privilégient les armements légers et transportables par un ou plusieurs hommes.
Enseignement n° 13. Les guerres asymétriques sont un affrontement des volontés dans lequel il faut – plus que dans les conflits classiques – croire et faire croire car, pour le faible, la victoire militaire est impossible.
Enseignement n° 14. Même s’il est réel, l’impact des images ne doit pas être exagéré. L’élément essentiel est la réaction des hommes politiques et le sens donné à l’engagement sur un théâtre.
Enseignement n° 15. Détruire ou endommager un hélicoptère par une action militaire directe n’est qu’une manière de le rendre inopérant. D’autres approches « périphériques » sont envisageables, centrées sur le pilote ou les flux logistiques.
Enseignement n° 16. Face à la menace des ALI, sur-blinder l’hélicoptère ne constitue qu’une réponse partielle. Une solution consiste à développer des systèmes de détection qui permettent de mener des manoeuvres d’évasion ou d’éliminer le tireur ennemi et d’intégrer ces systèmes en amont dans le développement des plateformes.
Enseignement n° 17. Les systèmes de protection contre les MANPADS sont aujourd’hui efficaces face aux menaces rencontrées sur les théâtres. Reste que cette avance doit être maintenue, surtout dans l’hypothèse d’une prolifération de missiles de nouvelle génération.
Enseignement n° 18. Les réponses techniques ne sont qu’une partie des réponses possibles face aux menaces sur les théâtres. Des réponses opérationnelles sont aussi mises en oeuvre, en fonction des solutions techniques à disposition de la force armée et des concepts d’emploi.
Enseignement n° 19. La protection d’un hélicoptère repose sur trois domaines : une réduction de la probabilité d’être détecté, une réduction de la probabilité d’être touché, et une réduction de la probabilité d’être détruit.
Enseignement n° 20. L’hélicoptère lourd est essentiel en contre-insurrection, alors que les parcs vieillissent et que les flottes européennes sont insuffisantes lorsqu’elles existent.
Enseignement n° 21. En l’état actuel des capacités techniques mises en oeuvre, le drone apporte déjà une plus-value aux hélicoptères. Il réduit les risques pour les équipages et assure une plus grande permanence sur zone. À plus long terme, en raison de sa discrétion, il peut devenir une extension de l’hélicoptère, démultipliant ses capacités, notamment face à un ennemi fugace.
ACM : action civilo-militaire.
ALAT : aviation légère de l’armée de Terre française.
ALI : arme légère d’infanterie.
AQMI : Al-Qaïda au Maghreb islamique.
CAS : appui feu par avion (Close Air Support).
CCA : appui feu par hélicoptère (Close Combat Attack).
DETHELICO : détachement hélicoptères.
DRM : direction du renseignement militaire.
EFP : explosifs à effet dirigé (Explosive Formed Projectiles).
EWS : système de guerre électronique (Electronic Warfare System).
FAC : contrôleur aérien avancé (Forward Air Controller).
FOB : base avancée (Forward Operation Base).
GTIA : groupement tactique interarmes.
HFI : indicateur de tirs hostiles (Hostile Fire Indicator).
HMA : Hélicoptère de manoeuvre.
HRA : Hélicoptère de reconnaissance et d’attaque
IED : engin explosif improvisé (Improvised Explosive Device).
ISR : renseignement, surveillance, reconnaissance (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance).
JATAS : système de détection des menaces (Joint and Allied Threat Awareness).
JTAC : contrôleur de l’appui aérien (Joint Tactical Attack Controler).
MANPADS : lance-missile antiaérien portatif (Man Portable Air Defense Systems).
PSYOPS : opérations psychologiques.
RETEX : retour d’expérience.
ROE : Rules of Engagment.
RPG : lance-roquettes portatif (Rocket-propelled grenade).
SAFIRE : tirs d’armes légères (Small Arms Fire).
SAM : Surface air-missile (missile anti-aérien).
SBS : Special Boat Service.
TAVD : tir au-delà de la vue directe.
Liste dINnesII
Dernière édition par Zoubir8 le Mar 17 Juil - 11:31, édité 1 fois | |
| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Mar 17 Juil - 11:29 | |
| Les forces spéciales ne peuvent pas se substituer aux forces classiques
LE MONDE | 16.07.2012
Par Henri Poncet, officier général en 2e section, commandant les opérations spéciales de 2001 à 2004 Certains blogs se sont faits récemment l'écho d'un renforcement significatif de nos forces spéciales (FS) par un transfert d'effectifs et de capacités de l'armée de terre ou de l'armée de l'air au profit du commandement des opérations spéciales (COS).
C'est bien évidemment méconnaître la nature des missions des FS. Il faut plusieurs années de formation, d'entraînement et de mise en place d'équipements spécifiques, après un changement radical du profil de la ressource humaine, pour transformer une unité classique et son armée d'origine, terre, air ou mer, en une unité spéciale.
En fait, contraintes budgétaires obligent et avec la confusion entretenue par les "experts" sur la réalité des missions des FS, ressurgit une fois de plus l'idée qu'une augmentation significative de ces FS permettrait de réduire les effectifs des forces dites classiques.
Aujourd'hui, le COS peut compter sur une composante FS interarmées de près de 3 600 hommes soutenue par les trois armées. Cela peut paraître très limité par rapport au 65 000 hommes des Etats-Unis. Mais c'est d'abord oublier que les FS américaines sont une quatrième armée avec tout son environnement, et que les unités du même type que les nôtres représentent en réalité moins de 15 000 hommes. Le ratio de nos FS par rapport aux effectifs de notre armée est donc sensiblement identique à celui des Américains, comme aussi celui du Royaume-Uni.
C'est aussi ignorer que les modes d'action et les équipements des FS ne les destinent en aucun cas à accomplir les missions conventionnelles dévolues aux forces classiques : pas de blindés, pas d'artillerie, pas d'avions de combat, pas de navires, pas de capacités d'occupation prolongée.
C'est enfin et surtout évacuer tout ce qui a présidé à leur création il y a vingt ans : un outil à haute valeur ajoutée pour gérer les crises ou faire la guerre autrement, de façon autonome ou en complément des forces classiques, souvent en amont et parfois à coté de ces dernières.
Dans ce cadre, elles ont su, comme lors de leur engagement majeur resté confidentiel en Afghanistan en 2003 pendant près d'une année, remplir avec succès et une grande discrétion de multiples missions sur terre, sur mer et dans les airs. Elles ont certes parfois, à leur corps défendant, mais dans une communication voulue par les autorités politiques pour marquer la détermination de la France, fait la "une" des médias.
Leur format réduit et interarmées a facilité leur adaptation permanente aux nouvelles menaces ou missions. En effet, les FS s'inscrivent résolument dans des stratégies de créneaux, à l'inverse des forces armées classiques.
Modes d'action et modalités d'engagement diffèrent profondément, et ce serait une erreur grossière que d'imaginer pouvoir substituer les unes aux autres à seule fin de justifier les réductions budgétaires à venir, de réduire drastiquement les effectifs et de réorienter massivement les crédits vers les industries de haute technologie. Ce fut la doctrine du secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, au début des années 2000, malheureusement avec les piètres résultats que l'on sait obtenus en Irak où il a bien fallu se décider à contrôler le terrain.
Si la crise européenne actuelle ouvre sur un système fédéral combinant à la fois une politique monétaire et une politique budgétaire, le temps sera aussi venu de repenser l'Europe de la défense au sein d'une fédération dont les membres restent sans doute à compter pour ne pas commettre à nouveau l'erreur d'aller trop vite.
L'arme nucléaire, des forces classique crédibles et des capacités de projection constituent une partie de la dot que la France pourra apporter dans la corbeille de la mariée.
Henri Poncet, officier général en 2e section, commandant les opérations spéciales de 2001 à 2004 | |
| | | Zoubir8 Commandant
Messages : 1597 Date d'inscription : 11/04/2012 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Mar 17 Juil - 14:11 | |
| Un article trouvé sur le Net à propos de l'engagement aérien de l'Otan en Afghanistan.
Afghanistan et Libye : L'arme aérienne au cœur des combats
De Kaboul à Tripoli, retour sur dix années de conflit. Récit des opérations. Bilan provisoire et enseignements.
Depuis dix ans, les Forces aériennes Françaises sont déployées en permanence sur des théâtres d'opérations de "temps de guerre". Dès l'automne 2001, des avions de reconnaissance stratégique, Mirage IVP et des C-160GTransaU "Gabriel" d'écoutes survolaient l'Afghanistan en prélude à l'opération "Héraclès" et à l'engagement de six Mirage 2000D et de deux ravitailleurs KC-135FR depuis le Kirghizistan. Dix ans plus tard, le 19 mars 2011, plus d'une vingtaine d'appareils de l'armée de l'Air, répartis en cinq patrouilles de huit Rafale, deux Mirage 2000-5F, deux Mirage 2000D, un E-3F "Awacs" et six C-135FR, se projetaient à plusieurs milliers de kilomètres de leur base pour engager en Libye l'offensive aérienne contre les forces du colonel KadhafL
Cap sur Kaboul.
Avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France fait partie des rares pays qui ont assuré une présence aérienne quasiment permanente au-dessus de l'Afghanistan depuis le 2 mars 2002. Date à laquelle les Mirage 2000D basés à Manas-Bichkek (capitale du Kirghizistan) effectuaient leur première mission offensive sur le nord du pays : un transit de 1.500 km sur les plus hauts sommets de l'Himalaya. Moins de quatre semaines après les attentats de New York, les Etats-Unis étaient passés à l'offensive. Le 7 octobre 2001, débutait l'opération "Enduring Freedom" (OEF). Une pluie de missiles Tomahawk s'abattait durant une semaine sur les "objectifs stratégiques" d'un des pays les plus pauvres de la planète qui abritait les camps d'entraînement du groupe terroriste Al-Qaida.
Faute de terrains disponibles en assez grand nombre à proximité du théâtre d'opérations, les bombardiers lourds de l'US Air Force, B-52H, B-1B et B-2A, avaient décollé de Diego Garcia, dans l'océan Indien, ou de leur propre base aux Etats-Unis. Au large des côtes pakistanaises, les F/A-18C/D des porte-avions de l'US Navy apportaient un complément tactique avec les MC-130H venus d'Oman qui, sous la protection d'AC-130 "Gunship", larguaient les premiers "Rangers" dans la région de Kandahar. En moins de deux mois, les soldats américains occupaient Kaboul. Aux premiers jours de l'hiver, Kandahar, le fief des talibans, tombait à son tour.
L'Amérique déploie sa force.
Comment la victoire a-t-elle pu être aussi rapide ? En grande partie grâce à l'ampleur des moyens aériens et à une organisation sans faille, qui s'appuie autant sur le renseignement (satellites, drones, avions espions) que sur une organisation centralisée dans un centre de commandement Air (CAOC) venu s'installer à Al Udeid (Qatar) et qui, s'appuyant sur les moyens d'information et de transmission du commandement interarmées responsables du Moyen-Orient (US Central Command), privilégie avant tout la réactivité. Avec relativement peu d'hommes au sol, le commandement américain gérait et exploitait "en boucle courte" toutes les capacités offertes par la "troisième dimension". Pourtant, les aéronefs de la coalition américano-britannique n'effectuèrent, d'octobre à fin décembre 2001, que 200 sorties journalières. Mais, les bombardiers lourds de l'US Air Force larguèrent à eux seuls près des trois quarts des 17.500 munitions utilisées ! Face à un adversaire notoirement sous-équipe, l'Amérique a déployé toute sa technologie. Avec les missiles de croisière - tirés du ciel ou de la mer -, c'est toute une panoplie d'armes de précision qui a été engagée. Ainsi, durant les trois premiers mois d'"Enduring Freedom", environ 60 % des armements air-sol utilisés furent des systèmes à guidage laser et/ou GPS. Et ce pourcentage ira croissant... Pour la première fois aussi, durant cette première phase des opérations, il est fait mention de tirs de missiles Hellfire depuis des drones MQ-1 Predator.
Opération "Anaconda".
Chassés des villes, les talibans se sont retranchés dans la montagne. C'est là désormais qu'il faut aller les chercher. Le Pentagone est convaincu qu'il existe des multitudes de grottes, qui sont autant de repaires de combattants que de dépôts d'armements profondément enterrés et astucieusement camouflés.
En mars 2002, l'opération "Anaconda" est lancée. Son but ? Déloger les talibans et faire en sorte qu'ils ne puissent se replier que vers les zones tribales montagneuses de la frontière pakistanaise. Américains et britanniques ne sont plus seuls. Sous mandat de l'ONU, les Mirage 2000D de Manas (cf. A&C n° 1838) appuient l'opération dans le nord du pays. Les F-16MLU néerlandais, belges et danois viendront les renforcer.
Côté américain, l'opération "Anaconda" engage d'importants moyens terrestres, aériens et héliportés. C'est désormais à grande échelle que sont utilisés des armements air-sol qui allient la précision à la puissance. Aux "traditionnelles" bombes guidées lasers GBU-12 et à leurs dérivés, s'ajoutent les récentes Jdam (Joint Direct Attack Munition), à guidage GPS de 113 à 900 kg (GBU-29 à 32), utilisées pour la première fois au Kosovo en 1999. Ce guidage GPS se retrouve aussi sur les bombes à sous-munitions WCMD (Wind Compensated Munition Dispenser), que le Pentagone admet utiliser pour la première fois en Afghanistan. Un type d'armement qu'on trouve aussi bien sur les gros B-1B que sur les chasseurs-bombardiers F-15E ou F-16C/D.
Mais, lorsqu'il s'agit d'aller chercher l'ennemi au fond des grottes, FUSAF se surpasse. Des armes plus effroyables encore apparaissent comme la GBU-28 baptisée "Bunker Buster" ou l'énorme BLU-82 de près de 7 t, larguée sur palette depuis un C-130H Hercules. '
Les ingénieurs américains ont pensé à tout. Même à utiliser en altitude des détonateurs thermobariques comme ceux adaptés sur la redoutable BLU-118 à guidage laser, spécialement développée à l'occasion. Rien de tout cela n'existe alors sur les Mirage 2000D français équipés à la bâte d'emports bibombes pour GBU-12 de 250 kg guidées par des nacelles de désignation Adis H ou PDLCTS. C'est peu dire que Washington n'avait pas fait grand-chose pour faciliter l'accueil de l'armée de l'Air dans les anciennes Républiques soviétiques. Ces Mirage 2000D seront pourtant les seuls "étrangers" à participer directement, depuis le Kirghizistan, à l'appui d'"Anaconda" !
Sous les cocardes.
En un mois, avec un taux de disponibilité de 90 %, les six Mirage 2000D vont voler quotidiennement et tirer 151 bombes guidées lasers. En certaines circonstances, leurs actions se révéleront déterminantes. Mais les avions de l'armée de l'Air ne sont pas les seuls chasseurs français dans le ciel afghan. Six mois après % son admission en service, le porte-avions "Charles-de-Gaulle" est arrivé dans l'océan Indien. Venant du Sud après avoir survolé le Pakistan, ses Super Etendard (SEM) sont eux aussi engagés, durant plusieurs semaines, dans l'offensive aérienne de "Tora Bora" et dans celle d'"Anaconda".
Pour la première fois aussi, le "Charles-de-Gaulle" emmène avec lui des Rafale Marine au standard Fl/Post LF1. Dotés uniquement de capacités air-air, ils ne seront pas engagés au-dessus de l'Afghanistan mais assureront la protection du groupe aéronaval. Les SEM de la Marine ajouteront douze tirs de bombes BLU-111 au bilan offensif français. L'opération "Anaconda" s'achève en avril. Elle est considérée comme un succès. Bien que très médiatisées, les pertes alliées (notamment en hélicoptères) sont faibles. Dans les mois qui suivent, la situation militaire semble se stabiliser. L'aéroport de Kaboul devient une immense plaque tournante pour le soutien logistique des troupes de la coalition et des énormes bases aériennes qui s'édifient dans le nord du pays, à Mazar-e Charif, où s'installent les Tornado allemands dans le centre, à Bagram, fief aérien des Etats-Unis et, dans le sud, à Kandahar, où une immense base multinationale voit le jour. Dans un premier temps, les avions de combat français quittent Manas en 2004 et le Kirghizistan pour aller s'installer à Douchanbé, au Tadjikistan, plus proche de la frontière afghane. L'aéroport de la capitale tadjike est devenu le tremplin du ravitaillement français vers l'Afghanistan. Le transport militaire a réalisé des prouesses en installant un véritable pont aérien avec la métropole. A partir de Douchanbé, les C-160TransaU et les C-130H Hercules du Cotam déversent leurs cargaisons par-delà le massif himalayen. Les Mirage 2000D et aussi les Mirage F1CR y poursuivront leurs missions quotidiennes de reconnaissance, d'escorte de convois et d'attaque, à la demande du CAOC d'Aï Udeid qui gère désormais l'ensemble des opérations dans lesquelles six à sept pays engagent des moyens aériens au titre de la Force internationale de sécurité (ISAF), mandatée par PONU en marge.
Une victoire inachevée.
Au fil des saisons, la situation militaire - combats en été, accalmies en hiver - donne l'image faussée d'un calme relatif. La force internationale étend peu à peu ses zones de responsabilité à l'ensemble du pays. La présence aérienne, désormais permanente, met rapidement en exergue le manque d'avions ravitailleurs. Les deux C-135FR français restés à Manas sont rejoints par un vieux KDC-10 néerlandais. En cette année 2003, les aviateurs alliés s'adaptent à la nature des combats. Les' cibles sont rares et équivoques. Des pilotes français opposent des "refus de tirs" sur des objectifs jugés trop incertains. En fait, chaque pays a ses propres règles d'engagement (ROE) qui n'auront de cesse d'évoluer et de poser des problèmes de coordination. Celles des Français, plus contraignantes, ne font pas l'unanimité chez les Américains.
Peu à peu, imperceptiblement, les choses évoluent. L'offensive des talibans, au printemps 2005, marque un tournant dans cette guerre. Un pilote de l'Aéronautique navale résume alors la situation : "Nous avons jusqu'à présent cherché à isoler les talibans dans les montagnes. Aujourd'hui, ils en sont descendus."
Les rebelles agissent par petits groupes qui se dissimulent après l'action. Ils opèrent désormais à proximité ou à l'intérieur des zones urbaines, dans des villages ou des hameaux au fond des vallées ou sur de hauts plateaux. Toute la difficulté est de pouvoir les identifier et les localiser. Avec le souci constant d'éviter tout dommage collatéral sur les populations civiles et au sein des troupes alliées.
Affiner les frappes.
C'est une nouvelle forme de guerre qui commence. Depuis "Anaconda", la menace antiaérienne a grandement diminué. Les missiles portables de type Stinger, SA-7, SA-18 ou Mithaq (produits en Iran), dont on redoutait l'apparition, ne font pas l'objet de tirs identifiés. Pour beaucoup d'experts, cela tient du miracle. Ou plus simplement d'une technologie particulière qui oblige à ne les utiliser qu'à coup sûr, sous peine d'en décharger les batteries. Ce danger potentiel, comme celui des canons antiaériens ZSU-23/2, n'en reste pas moins pris en compte notamment par les équipages d'hélicoptères qui ont aussi à redouter les armes de petit calibre. Même si tous les avions de combat engagés sont équipés de leurs propres systèmes de guidage et de désignation de cibles, l'emploi des contrôleurs aériens au sol devient quasiment incontournable. Ce sont les fameux Jtac (Joint Tactical Air Control), qui sont là pour identifier et désigner précisément les objectifs aux armes lasers et/ou GPS des bombardiers.
Avec eux apparaissent de nouveaux concepts d'emploi systématique de l'arme aérienne, autant en terrain découvert qu'en zones urbaines. Et, surtout, avec les Jtac, les traditionnelles liaisons air-sol sont totalement bouleversées. Les simples liaisons radio cryptées ou les échanges de données cartographiques ne suffisent plus. Avec la liaison Rover, les Etats-Unis imposent le transfert d'images entre l'avion et le sol. A défaut,
il arrive aux militaires américains de refuser l'intervention d'avions de la coalition qui n'en sont pas équipés. Durant plusieurs mois, les Français - et quelques autres - en font l'amère expérience...
L'amie aérienne s'adapte.
L'Afghanistan devient un champ d'expérimentation technologique sans précédent depuis le Vietnam. Les aviateurs travaillent à un rythme accéléré dans une ambiance interannées et multinationale. Entre le CAOC d'Aï Udeid au Qatar et le Joint Ope-rations Center (C.JOC) de Kaboul, une chaîne de commandement complexe mais réactive s'est mise en place pour gérer, à plus ou moins long terme et en temps réel, une centaine d'aéronefs sur un territoire grand comme une fois et demie la France. Sans compter la multiplication des drones de surveillance (ISR) ou d'attaque (de type MQ-1 Predator ou MQ-9 Reaper) pilotés depuis les Etats-
Unis et qui n'apparaissent pas sur les ordres de mission (ATO - AirTasking Order) distribués aux pilotes alliés. Le rythme des interventions s'accélère de manière spectaculaire. Pour les seuls aéronefs américains (hors les drones), le nombre de sorties va presque doubler, passant de 6.500 en 2004 à près de 13.000, trois ans plus tard. Moins de 100 bombes ont été tirées en 2004 : on en compte 3.000 en 2007 ! Pourtant, c'en est fini des tapis de bombes. On parle désonnais de CAS (dose Air Support). Les chasseurs interviennent en appui-feu dans les combats, ou en urgence lorsqu'une unité terrestre est "au contact" (TIC), sous le feu des insurgés. Tous les schémas "classiques" de la guerre aérienne se trouvent bouleversés par la nature multiforme et asymétrique des combats qui se focalisent sur la dimension air-sol. Au point que, même les avions radars doivent s'adapter en ajoutant à leur fonction de contrôleurs aériens une capacité de contrôle tactique des bombardements. En prise directe avec la bataille terrestre, les E-2C Hawkeye du "Charles-de-Gaulle" passent ainsi leur baptême du feu. Les chasseurs, quant à eux, expérimentent de nouvelles formes d'intervention à caractère dissuasif. La plus courante est le "show of présence" (démonstration de présence) qui consiste en des passages en supersonique à une altitude d'environ 5.000 ft (1.500 m) sur des zones "douteuses" ou considérées comme telles. Si cela ne suffit pas, l'altitude minimale peut être ramenée à 300 ft (100 m !) pour un unique passage baptisé "show of force" (démonstration de force), à près de 1.000 km/h !
Une vaste panoplie ISR.
De manière plus inattendue encore, à partir de 2006, les moyens aériens sont engagés dans la lutte contre la menace que font peser, sur les approvisionnements et les troupes au sol, les engins explosifs improvisés (IED), déclenchés à distance avec de simples téléphones portables. Les puissants EA-6B Prowler de guerre électronique ratissent, de jour comme de nuit, les grands axes routiers avant le passage des convois. L'arme aérienne fait aussi preuve d'une étonnante capacité d'adaptation dans le domaine du renseignement : frapper au plus juste en minimisant les risques nécessite, en temps réel ou différé et par anticipation ; avoir une connaissance approfondie du terrain, des zones sensibles et de leur environnement. D'où une recrudescence, sur le théâtre afghan, de moyens (avions et drones) dédiés au renseignement : du gros Boeing RG135 de veille électronique au plus petit des drones tactiques d'observation. La panoplie est large qui inclut bon nombre d'engins non pilotés (UAV), du gros RQ-4 Global Hawk au petit Scan Eagle, en passant par les drones Harfang que déploie l'armée de l'Air depuis 2009 sur la base de Bagram, au nord de Kaboul. Des moyens qui s'ajoutent aux performances sans cesse croissantes des nacelles à senseurs infrarouges ou électro-optiques desTornado allemands (jusqu'en 2010) et britanniques, des Rafale F3 français (relocalisés par intermittence aux côtés de Mirage 2000D ou de F1CR sur la base de Kandahar), des F/A-18E/F Super Hornet, des AV-8B Harrier ou des F-15E américains.
Sans oublier des aéronefs plus complexes et plus mystérieux encore, comme PAstor BD-700 britannique, PE-8 Jstars de FUSAF - capable de suivre jusqu'à 800 cibles au sol ! - et le célèbre avion-espion U-2S (version Syers - Senior Year Electro-Optical Reconnaissance System) qui opère en toute discrétion depuis la base d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis.
Plus précis et moins destructeur.
Les forces de la coalition sont passées, en Afghanistan, d'une guerre classique à une lutte anti-insurrectionnelle et antiguérilla, dont elles découvrent la multiplicité des formes. En 2002, lors des opérations lancées contre les grottes de Tora Bora, il s'agissait de disposer des bombes les plus lourdes ) et les plus dévastatrices... Aujourd'hui, les combats à la lisière des villages, et parfois même des villes, imposent de nouveaux armements, tout aussi coûteux mais à la fois plus précis et moins destructeurs ! Des armements air-sol modulaires, à l'image de l'AASM (Sagem), monté sous Rafale, ou du Brimstone (NBDA), sous Tornade GR.4, font leurs preuves sur le théâtre afghan. Toutes les solutions sont passées en revue : de l'emploi du canon, à Pemport de roquettes.
Les troupes au sol mesurent elles aussi l'importance de la "troisième dimension". Plus aucune opération d'envergure ne s'effectue sans le soutien direct de forces héliportées. Les fantassins ne se contentent plus de voir passer les drones. Désormais, ils les utilisent eux-mêmes. En marge des drones tactiques (comme le SDTI français de Sagem), confiés aux artilleurs, les mini-drones (à l'image du Drac d'EADS) sont "les yeux déportés" du soldat au-delà de la colline.
De Kaboul à Benghazi.
Les expériences et les enseignements accumulés depuis dix ans en Afghanistan ont sans doute influé sur la manière d'envisager positivement une intervention en Libye. Deux facteurs ont conditionné ce nouvel engagement. D'abord, une bonne connaissance du terrain ; ensuite, une juste appréciation du risque.
Si, pour la plupart des pays aujourd'hui partie prenante dans l'opération "Unified Protector", les choses sérieuses ont commencé avec les premiers bombardements français du 19 mars 2011, pour certains aviateurs c'est la date du 17 mars qui, véritablement, marque le déclenchement des opérations militaires (voir encadré page 76). Durant cette première phase, les avions d'"Harmattan" ont totalisé 135 heures de vol, dont 90 heures pour les seuls appareils de combat. En fin de journée, plusieurs blindés (entre quatre et dix) des forces du colonel Kadhafi sont annoncés comme "détruits" aux abords de Benghazi Tous les avions regagnent leur base de départ ou se regroupent sur celle de Solenzara, promue au rang de "porte-avions terrestre" par l'armée de l'Air.
A la tombée de la nuit, une guerre aérienne "plus conventionnelle" prend le relais avec les premiers Tomahawk américains et britanniques lancés de la mer et les Storm Shadow tirés à longue distance (quelques centaines de kilomètres) par quatre Tornado GR.4 venus de la lointaine base RAF de Marham (Norfolk). Sont alors directement visés les installations radars, les grands centres de contrôle et de commandement "durcis" et les principales bases aériennes côtières. Au matin du 20 mars, l'offensive loyaliste sur Benghazi est stoppée. Les insurgés découvrent, à la périphérie de la ville, les carcasses fumantes d'une quarantaine de véhicules (chars, blindés, transports de troupes, artillerie sol-air, etc.) détruits durant la nuit par les AV-8B Harrier embarqués de 1TJS Marine Corps et les F-15E de 1TJSAF venus d'Aviano (Italie). Les armements Jdam ont, une fois de plus, démontré leur mortelle précision. Tout comme les AASM, tirés par les Fiançais à plus de 50 km de leurs cibles, et aussi les missiles de croisière Scah>EG utilisés pour la première fois en mission de guerre dans la nuit du 23 au 24 mars par des Rafale Air et Marine. Après 90 jours de présence aérienne quasiment permanente pour la "protection des populations civiles", l'alliance fait ses comptes. Depuis le 31 mars, date à laquelle les opérations sont passées sous le contrôle militaire de l'Otan sans la participation aux frappes des avions de combat de l'USAF et de l'US Navy, il reste un peu moins de 200 appareils de dix-neuf pays impliqués à divers titres dans "Unified Protector". Mais, au total, six ou sept nations seulement acceptent d'intervenir, à différents degrés, dans les phases purement offensives de l'opération : la France, le Royaume-Uni, le Danemark, la Norvège, le Canada, la Belgique et, tout récemment, l'Italie. A peine peut-on ajouter à cette liste les Emirats arabes unis (EAU). A elle seule, la France revendique entre 22 et 23 % de l'activité aérienne et entre 30 et 35 % des frappes dynamiques ou statiques. Etant entendu que, parmi les six ou sept pays qui bombardent, la moitié n'engagent que des objectifs statiques. Pour le reste, les autres nations opèrent en soutien de l'opération (logistique, transport, ravitaillement en vol, reconnaissance-renseignement, etc.) ou dans la mission première d'interdiction de l'espace aérien à une aviation libyenne désormais inexistante !
Une volonté et des moyens.
A en croire le commandement des forces de l'Otan en Europe, l'amiral américain James Stavridis, à la date du 8 juin, "50 % des capacités militaires du colonel Kadhafi et un millier de ses chars ont été détruits". D'autres vont jusqu'à évoquer 80 %. A en croire certains diplomates européens, "il ne restera plus de cibles d'importance en Libye d'ici quinze jours" ! Pour autant, la crise est loin d'être résolue. Le pouvoir libyen joue la montre et la résistance peine à s'organiser. Les forces loyalistes livrent une guerre de mouvements et de guérilla urbaine. L'ensemble étant relativement bien coordonné par des états-majors militaires enterrés. D'où, pour les alliés, la double nécessité de bénéficier, en premier lieu de moyens de renseignements fiables, immédiats et fusionnés. Non seulement autour des zones de combats et des approches maritimes, mais aussi sur les grands axes d'approvisionnement du Sud libyen. D'où, également, celle de disposer d'armements air-sol aptes à traiter la diversité de ces objectifs. Autrement dit, de munitions de précision et de faible puissance (combats urbains) et de bombes à grand pouvoir de pénétration (objectifs enterrés ou durcis).
Or, parmi les forces aériennes engagées dans les frappes, très peu, hormis le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, la France, disposent d'une telle panoplie. Le recours, par l'armée de l'Air, aux bombes inertes (appelées improprement "bombes béton") est un pis-aller.
Le Rafale : une totale polyvalence.
L'échec des négociations menées début juin par l'entremise de l'Union africaine a convaincu l'Otan de passer à la vitesse supérieure.
Bien que récemment allégé, le dispositif français de Solenzara (trois Mirage F1CR et sept Rafale, auxquels s'ajoutent les Mirage 2000D et 2000N, ainsi que les Mirage 2000-5F de Souda, en Crête) n'en poursuit pas moins ses missions, de jour comme de nuit, au même rythme. Les Rafale Air et Marine, en contact permanent avec un avion radar Awacs ou E-2C Hawkeye, bénéficient de la Liaison 16 qui améliore leur réactivité lorsque les objectifs en vol sont ; appelés à changer. De l'avis des aviateurs, tout autant que des marins, les Rafale font preuve de leur complète polyvalence en différentes configurations mixtes de reconnaissance-combat air-air (Reco-NG/Mica EM/IR) ou d'attaque au sol-combat air-air (AASM à guidage DSfS/GPS et laser). Qualités que ne possède encore qu'une partie du parc des Typhoon (Eurofighter) britanniques et italiens. Avec environ 20 à 25 % des frappes, la Royal Air Force privilégie l'emploi desTornado GR.4, pouvant emporter des bombes de pénétration à forte puissance ou des armements plus légers de grande précision comme le Brimstone. A défaut de disposer au sol d'unités constituées de contrôleurs aériens ( Jtac), Français et Britanniques ont opté-non sans risques-pour l'envoi d'hélicoptères plus précis, car pouvant opérer à plus basse altitude (sous les 4.500 m requis pour les avions de combat), mais aussi plus vulnérables à des tirs de lance-roquettes, de missiles portables et même d'armes légères (cf. encadré). Entre le 19 mars et le 10 juin, les forces aériennes alliées ont effectué près de 9.000 missions au-dessus de la Libye, dont environ 3.400 d'attaque proprement dite. Le tout avec un parc disponible variant de 350 à un peu moins de 200 aéronefs.
Tenir dans la durée.
Quels enseignements doit-on en tirer ? D'abord, la confirmation que la puissance aérienne ne peut seule emporter la décision, quelle que soit son efficacité. Sans intervenir militairement au sol, POtan pensait pouvoir résoudre le problème libyen en 90 jours.
Trois mois supplémentaires sont désormais requis. Sans garanties... Le problème, pour l'ensemble des forces aériennes engagées, se résume désormais en un mot : tenir ! Or, toutes en sont conscientes : sans la puissance américaine, ses ravi-tailleurs, ses moyens d'observation, ses structures de conduite et de commandement - sur lesquelles sont calquées celles de l'Otan -, les forces multinationales engagées en Afghanistan n'auraient pas la capacité ni d'alimenter et orchestrer au quotidien un dispositif militaire complexe, ni, en Libye, d'anticiper et de soutenir une action sur la durée. Les plus hauts responsables militaires français le reconnaissent : "Nous sommes en grande partie dépendants du bon vouloir des Etats-Unis pour notre approvisionnement en munitions." "Tenir dans la durée", c'est aussi disposer de réserves matérielles et humaines suffisantes. Début juin, certains pilotes de Rafale totalisaient déjà 130 heures de vol sur les 180 heures qui leur sont allouées pour l'année. "Harmattan" mobilise aujourd'hui 60 % des équipages de Rafale !
Le prix de la souveraineté.
L'arme aérienne (Air et Marine) a, une fois de plus, affiché en Libye sa "dimension diplomatique" en éclairant l'horizon des décideurs et en les confortant dans leurs options. Cette capacité nécessite - nous l'avons vu en Afghanistan et, notamment en Irak - un effort financier et une adaptation matérielle permanente en terme; de connaissances (satellites, drones moyens ISR). On estime à environ 1,4 M€ par jour le coût de l'intervention française (moyens aériens, maritime; soutien et approvisionnement). Soit, plu que les opérations actuelles en Afghanistan (1,2 M€).
Longtemps la guerre dite asymétrique été perçue de manière monolithique, pî opposition aux conflits "anciens' Désormais, à la lumière des enseignements du Kosovo, de F Afghanistan ou de la Libye la notion de "lutte asymétrique" dévoïle plus largement encore la multiplicité ses formes et de ses évolutions. Prévoir anticiper et agir ont un prix : celui de souveraineté que confère la liberté de décision. Bernard Bombe .Air Cosmos juin 2011. | |
| | | Yacinedz Invité
| Sujet: Techniques de contre-insurrection Sam 26 Jan - 7:40 | |
| De nombreux auteurs se sont inspirés de Galula, un ancien officier de l'armée française qui a servi en Kabylie durant la guerre de libération nationale. Actuellement le livre de Galula sert de référence à certains stratèges et, il est étudié à West Point. Mais l'important, à mon avis, est que le travail de Galula est essentiellement basé sur son expérience en Algérie. Ce qui permet d'émettre des doutes sur l'efficacité de la "méthode" Galula dont, beaucoup de tacticiens, notamment américains, s'inspirent. En effet, Galula en partant de son expérience algérienne a mis sur pied ce qu'il croit être une théorie. Si on étudie la période et le contexte durant lesquels Galula a élaboré sa "méthode", on peut déduire que celle-ci n'est pas applicable de nos jours car, le monde a changé (contexte, revendications, mondialisation ...). On peut même avancer que les propositions de Galula sont un coup d'épée dans l'eau, pour preuve l'Algérie a fini par avoir son indépendance. Si j'utilise les terme de Galula, je dirais que les insurgés algériens ont fini par vaincre l'armée française et ses théoriciens.
Sa méthode a été appliquée par les Etats Unis dans le Sud-Vietnam, elle a échoué, elle est entrain d'être appliquée en Afghanistan, les Talibans sont entrain de revenir en force. La contre-insurrection est un sujet qui nécessite beaucoup d'espace et beaucoup d'intervenants pour pouvoir tenter une approche. On pourrait peut-être étudier une insurrection et proposer une contre-insurrection, mais de là à accoucher le concept de LA Contre-Insurrection c'est un pas que personnellement je ne franchirai pas. Au Mali, il y a une guerre qui a été définie par ses initiateurs comme une guerre contre le terrorisme. Mais dans cette guerre contre le terrorisme, il y a une guerre contre-insurrectionnelle (rébellion touarègue). Les troupes françaises aidées par des miliciens africains, c'est le terme exacte, car les pays de l'Afrique de l'Ouest ne disposent pas d'armée, sont partis à la conquête des villes du Nord-Mali. Ils sont entrain de crier victoire! Ils se trompent, car dans ce cas précis la conquête du terrain n'est pas décisive. Le plus important, le plus décisif est la conquête de la population, est ce que les troupes françaises sont en bonne voie? l'avenir nous le dira.... des exactions contre les populations blanches (Arabe et Touareg) sont signalées ... qui vivra verra |
| | | Rebell banni
Messages : 7649 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. Sam 26 Jan - 7:57 | |
| les malien c'est des lâche il s'en prenne que a la population civil des autre ethni alors qu’il ce sont fait chasser par 3000 tango apré il v'on pleuré comme des victime -_- je comprend toute a fait les touarègue en totu cas j'espére que notre etat aidera les touarègue qui souffre énormément et les malien sont toujour stupide a penser que masacré les touarègue il v'on se sentir fort si l’Algérie était pas au frontiére et que on risqué pas d’être toucher je dirait que les malien mérite ce qui leur arrive -_- il on massacré la population touarègue et kan il se sent révolté contre eu il sont partie pleuré a la France et kan mama la France et arriver il font les fier on allan massacré la population c'est navrant sa -_- | |
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| Sujet: Re: Techniques de contre-insurrection. | |
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| | | | Techniques de contre-insurrection. | |
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