Le commandement de l’armée algérienne a-t-il enfin décidé d’entendre les voix qui n’arrêtaient pas depuis de nombreuses années de réclamer des véhicules de transport blindés MRAP ( Mine Resistant Ambush Protected) pour les unités engagées dans la lutte antiterroriste dans des conditions à hauts risques ? En effet, le fait que des soldats de l’ANP continuent de tomber victimes de mines antipersonnel ou de tirs dans le cadre d’embuscades terroristes suscite la colère des observateurs qui pensent qu’avec des MRAP, des vies auraient pu être sauvées. Après chaque attentat ou chaque embuscade terroriste, la colère monte dans les rangs de l’ANP et les critiques contre le commandement fusent. Cette situation devenait incompréhensible quand le commandement de l’armée algérienne n’a pas hésité à mettre des milliards de dollars pour l’acquisition d’un LPD (porte-hélicoptères) italien et de 2 frégates Meko allemandes alors qu’il hésite à acquérir quelques dizaines de véhicules MRAP qui pourraient pourtant sauver la vie des djounouds engagés dans la lutte antiterroriste. Certes, le commandement a testé durant ces dernières années plusieurs MRAP de provenances diverses mais sans se décider concrètement en fin de compte.
Une information révélée par un site militaire allemand (1) pourrait annoncer la fin de ce cauchemar. En effet, une délégation de la direction centrale du matériel de l’ANP conduite par le colonel Ahmed Rebib, qui occupe la fonction de directeur de l’établissement de rénovation des véhicules automobiles de l’ANP situé à Dar El Beida, près d’Alger, s’est déplacée en janvier dernier à Aachen en Allemagne. La délégation a visité en particulier l’Ecole technique des systèmes terrestres et le Collège des technologies militaires au sein desquels des officiers de maintenance algériens suivent des formations. La délégation a été reçue par le directeur de l’école, le général brigadier Michael Hochwart. La source allemande qui donne l’information rapporte que la coopération dans le domaine de la formation militaire avec l’Algérie remonte à l’année 2008. Mais le fait le plus remarquable est que la délégation algérienne a montré un vif intérêt pour le véhicule militaire blindé ATF Dingo de Krauss-Maffei Wegmann. Si la délégation algérienne s’est montrée intéressée par les conditions techniques d’entretien et de maintenance du Dingo, il y a de fortes chances que le MDN s’est décidé enfin à l’acquérir. Ce véhicule est monté sur un châssis Unimog. Tout comme les autres MRAP, l’ATF Dingo est conçu pour résister aux mines terrestres, aux tirs de fusils et aux fragments d’artillerie. ATF désigne les initiales de Allschutz-Transport-Fahrzeug, ce qui signifie en allemand « véhicule de transport entièrement protégé ». L’appellation Dingo provient du chien sauvage de même nom.
Il existe également une version ATF Dingo 2 qui est une version améliorée du Dingo, produite à partir de l’année 2000. Il est construit sur un châssis Unimog U5000, offre une meilleure protection et une charge utile plus importante. Il en existe trois versions. Une version courte, une version longue, et la version GFF, offrant un plus grand volume interne. L’armement standard du Dingo est une tourelle pour une mitrailleuse de 7,62 mm ou une mitrailleuse de 12,7 mm ou encore un lance-grenades automatique.
L’intérêt de l’armée algérienne pour le Dingo allemand laisse penser que le ministère de la défense nationale se dirige vers la délocalisation de la production de ce véhicule blindé en Algérie dans la lignée de ce qui a été fait pour le véhicule de transport blindé Fuchs 2 monté à Constantine. Reste à espérer qu’en attendant la maturation d’un projet de montage industriel du Dingo en Algérie, le commandement se presse à en acquérir au moins une cinquantaine ou une centaine pour répondre aux besoins les plus urgents des unités opérationnelles.