La vraie bataille pour la Syrie, celle dont les médias ne vous parleront jamaishttp://avicennesy.wordpress.com/2013/05/29/la-vraie-bataille-pour-la-syrie-celle-dont-les-medias-ne-vous-parleront-jamais/
29 mai 2013 ·
par avic ·
dans Géopolitique, Guerres. ·
J’ai
expliqué dans un article précédent que l’opération d’encerclement pour
la conquête de Damas de Novembre 2012 au 5 Février 2013 exécutée par les
rebelles, s’est terminée par une catastrophe majeure pour la soi-disant
armée de libération de la Syrie. Cela a permis à l’armée nationale du
président syrien Bachar al-Assad de prendre l’initiative et de
déclencher l’offensive générale qui conduira irrémédiablement à la fin
de la guerre civile.
(Voir: Syrie, un test pour la survie d’Israël )
Parallèlement à ces batailles terrestres, en Méditerranée avait lieu
une guerre plus complexe entre les flottes russe et américaine avec des
manœuvres stratégiques et de repositionnement extrêmement risquées,
selon toutes les règles de l’art militaire moderne. Sans tirer un seul
coup de feu, cette confrontation de mouvement a été remportée de manière
catégorique, pour la première fois depuis la guerre froide, par la
Russie. Voilà pourquoi la presse copier-coller occidentale est restée
silencieuse à ce sujet.
Tout d’abord, en Méditerranée orientale, au large des côtes
syriennes, est apparue le groupe d’attaque Task Force 502 de la Sixième
Flotte des Etats-Unis, qui comprend un porte-avions (George Bush?) Avec à
son bord 80-90 avions et hélicoptères. Sa mission était de se
positionner de manière à pouvoir lancer des frappes aériennes contre des
cibles de l’armée syrienne à Damas encerclé par les rebelles, aider ces
derniers à surmonter la résistance de l’armée syrienne et à s’emparer
du pouvoir. Mais les Russes ont contrecarré les intentions américains
en interposant immédiatement, entre Task Force 502 et la côte syrienne,
le porte-avions Amiral Kuznetsov, qui avait à son bord un groupe de 24
avions multi-rôle ; des SU-33 et des MIG-29 KUB, 4 Sukhoi
Su-25UTG/UBP, et 16 hélicoptères de lutte anti-sous-marine Kamov
Ka-27PLO. Le porte-avions Amiral Kouznetsov est armé de12 lance-missiles
mer-mer P-700 Granit, dont la vitesse est Mach 2,5 et avec une portée
de 625 km. Nettement supérieurs aux missiles mer-mer RGM-84 Harpoon
(vitesse 864 km/h, portée 125 km) dont étaient équipés les destroyers et
les frégates de l’escorter américaine au sein de la Task Force 502. Le
Kuznetsov était escorté par le destroyer Amiral Ciabanenko et la frégate
lance-missile Ladnâi. Pendant 40 jours, le groupe naval américain a
tenté, à l’abri d’un intense brouillage radar, de s’ouvrir un passage
vers la côte syrienne en contournant dispositif russe, mais en vain.
Cette première phase a pris fin avec le retrait de théâtre des
opérations des deux groupes, formés autour du porte-avions américain.
Mais les Américains n’avaient pas renoncé pour autant, et en cette
partie de la Méditerranée, au large des côtes syriennes, la Sixième
Flotte avait maintenu une patrouille de trois destroyers de classe
Arleigh Burke, armés de 110 missiles de croisière BGM-109 (Tactical
Tomahawk) avec un rayon d’action de 1600 km, conçu pour attaquer des
cibles terrestres. C’est la raison pour laquelle, dans la période de
Janvier au 4 Février 2013, le croiseur Moscova, le destroyer
Severomorsk, le destroyer Smetlivâi (armé de missiles mer-mer Uran, de
performances similaires aux missiles RGM-84 Harpoon américains) et la
frégate Yaroslav furent utilisés dans des exercices pour des combats en
Méditerranée, au large de la côte de la Syrie. Participèrent également à
ces exercices les navires amphibie Saratov, Azov, Kaliningrad et
Aleksandr Shabalin, ainsi que des avions de patrouille maritime à large
rayon d’action et des bombardiers stratégiques de la 4ème armée aérienne
russe.
Le croiseur Moscova est armé de 8 lanceurs x 8 missiles S-300 PMU
Favorit, spécialisés pour abattre les missiles mer-mer et de croisière.
J’ai écrit dans un article précédent, que lorsqu’ils volent à basse
altitude, du fait des inégalités du terrain, les missiles de croisière
peuvent être abattus par les systèmes S-300 à 40 – 70 km. Quand ils
évoluent au-dessus de la mer, leur distance est doublée et avec elle la
portée des missiles S-300. Le croiseur Moscova dispose également de 16
lanceurs de missiles mer-mer P-500 Bazalt d’une portée de 550 km et
avec la même vitesse que la P-700 Granit (Mach 2.5). Pour cette raison,
si les trois destroyers américains avaient tiré la première salve de
missiles de croisière vers la Syrie, elle aurait été la dernière de leur
vie. Dans ces conditions, la pénétration la côte de la Syrie par des
missiles de croisière américains devenait impossible.
Au début de Février 2013, avec l’écrasement des forces armées dites
de libération de la Syrie, qui assiégeaient Damas, le jeu du chat et de
la souris des groupes navals russes et américains en Méditerranée
orientale a pris une pause. Les navires de la flotte de la mer Noire
russe, conduite par le croiseur Moscova rentrent à leur base en Crimée,
et leurs places dans le dispositif naval russe en Méditerranée ont été
prises par d’autres navires, qui aujourd’hui se composent
principalement des destroyers anti-sous-marins Amiral Panteleev,
Severomorsk et la frégate Yaroslav Mudrâi.
En retirant le croiseur Moscova (c’est-à-dire les missiles S-300 PMU
favorit à bord) près de la côte de la Syrie, les Russes ont
volontairement laissé l’espace aérien syrien sans défense, attirant
délibérément les Israéliens dans un piège. Ils se précipitèrent dans la
brèche avec leurs aériennes par des raids dans les nuits du 3/4 et 4/5
mai 2013, afin de saper l’offensive militaire du gouvernement syrien.
Contrairement au dispositif antérieur au large de la Syrie, les
navires russes présents actuellement en Méditerranée sont équipés pour
la lutte anti-sous-marine, avec des missiles lance-torpilles RPK-2 Viuga
(portée 45 km) et des RU-100, RPK-6/7 veter (portée 120 km) se
déplaçant en immersion à des vitesses de 400 km, en utilisant le
phénomène de cavitation. Étant propulsé par un moteur de fusée à
carburant solide, ils peuvent facilement passer du milieu marin au
milieu aérien, et voler à Mach 1,5. Exactement comme prévu au siège de
la marine russe, après les bombardements israéliens du 3/4 et 4/5 Mai
2013, les forces navales américaines ont été envoyés en patrouiller en
Méditerranée orientale près de l’île de Crète, deux sous-marins
d’attaque classe Ohio à propulsion nucléaire (Florida-SSBN-728/SSGN-728
et Georgia-SSBN-729/SSGN-729), 18.000 tonnes. Le sous-marin Floride a
participé aux opérations en Libye en Mars 2011, il avait alors lancé 93
missiles de croisière, dont 90 avaient fonctionné et touché terre.
Par Valentin Vasilescu, pilote d’aviation, ancien
commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé
en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest
1992.