Une force populaire de contre-guérillapar Thierry Meyssan Réseau Voltaire.
(Sur cette vidéo on peut voir les techniques de ces forces pour oberver les terroristes et leur faire des embuscades).
https://youtu.be/VgNkN9kPM_w
Dans la
guérilla, la victoire appartient à celui qui est soutenu par la
population. C’est pourquoi la Syrie vient de se doter de milices
populaires pour tenir en échec les Contras soutenus par l’Occident et
des monarchies du Golfe. En trois mois, le résultat est spectaculaire :
les zones où ces milices locales ont déjà été constituées sont
stabilisées.
Réseau Voltaire | Damas (Syrie) | 24 février 2013
À l’issue de deux ans de combats, il est clair que
l’Armée arabe syrienne, conçue pour défendre le territoire en cas de
guerre conventionnelle, n’est pas en mesure de stabiliser le pays tout
en poursuivant sa tâche première. Elle a vaincu sans difficultés les
jihadistes chaque fois qu’ils se sont regroupés, mais elle n’a pas la
capacité de combattre une guérilla mouvante qui compense son faible
encrage populaire par une puissante aide logistique étrangère.
En définitive, la Syrie s’est résolue à adopter une nouvelle
stratégie qui a fait ses preuves partout dans le monde lorsqu’une telle
situation se présentait : la création de milices populaires permettant
aux gens d’assurer la défense de leur village ou de leur quartier qu’ils
sont les seuls à bien connaître. Cette « Armée de défense nationale »,
dont les membres sont issus des Comités populaires, est bien entendu
rattachée à l’Armée arabe syrienne et il faut avoir effectué son service
militaire pour pouvoir la rejoindre.
Mao Zedong expliquait que pour vaincre, une guérilla doit évoluer «
dans la population comme un poisson dans l’eau ».
Or, l’Armée syrienne libre s’en est montrée incapable. Dès qu’elle
contrôle une zone, elle commet des exactions et les habitants se
révoltent contre elle.
Pour emporter la victoire, l’Armée arabe syrienne doit réussir là où les jihadistes ont échoué : se mouvoir «
dans la population comme un poisson dans l’eau ».
Bien qu’issue de la population, puisque c’est une armée de
conscription, elle ne peut y parvenir seule car son organisation
nationale la coupe des réalités locales. Elle doit donc s’appuyer sur
une force intermédiaire qui lui serve d’interface avec la population
locale, dans chaque village et chaque quartier.
Par ailleurs, l’Armée de défense nationale est soumise à une stricte
discipline. Armes et uniformes ne sont remis qu’à des volontaires,
jeunes hommes et jeunes femmes, triés sur le volet. Il s’ensuit que les
gros bras enrôlés ici et là par des élus locaux, pour assurer la
sécurité comme ils le pouvaient, doivent rejoindre cette milice ou
rentrer chez eux. Ainsi, dès que l’Armée de défense nationale est
organisée dans un village ou un quartier, les éventuels abus commis par
ces gros bras cessent. Le phénomène des Shabihas disparaît.
Au Proche-Orient, l‘exemple qui vient immédiatement à l’esprit est le
Basij-e Mostaz’afin iranien, qui a déjà servi de modèle au Hezbollah
libanais. Téhéran, qui refuse d’impliquer ses Gardiens de la Révolution
sur le territoire syrien, a accepté de recevoir des recrues de l’Armée
de défense nationale et de les former. Ce n’était pas évident, car les
Iraniens ont du s’adapter à des recrues qui ne sont que rarement chiites
et n’ont absolument pas l’intention de se convertir.
C’est un événement qui modifie profondément la donne géopolitique
régionale. D’une part parce que cette force paramilitaire a rapidement
stabilisé les villages et quartiers où elle est déjà implantée, et
surtout parce que désormais le Basij et le Hezbollah se retrouvent avec
un petit frère, ayant la même formation qu’eux, mais étant mixte et
multiconfessionnel ; éduqué dans l’esprit laïque du Baath et non pas
dans celui de la Révolution islamique.
Alors que l’un des objectifs principaux de la guerre voulue par les
Occidentaux contre la Syrie était d’installer au pouvoir un gouvernement
qui rompe avec le Hezbollah et l’Iran, comme l’avait lui-même reconnu
Burhan Ghalioun dans un entretien au
Wall Street Journal, c’est
l’effet inverse qui est obtenu. La résistance commune conduit à
resserrer ce bloc malgré les différences religieuses et politiques.
Il y huit mois, Sayyed Hassan Nasrallah a révélé que durant la guerre
de 33 jours, le ministre de la Défense syrien de l’époque, le général
Hassan Tourekmani, supervisait personnellement au Liban le déploiement
des armes de la Résistance. Puis il a déclaré que le Hezbollah ne
laisserait pas tomber ses frères d’armes de l’Armée arabe syrienne au
cas où il adviendrait qu’ils soient en difficulté. La création de
l’Armée de défense nationale va surement renforcer cette alliance par
des liens humains étroits au-delà des choix politiques.