Aucun être n’est réductible à un seul
aspect de sa personnalité, à une seule instance de référence. L’être est
pluriel. Algérien, certes, Maghrébin, Méditerranéen, ou, si l’on veut,
selon la définition chère au sénégalais Léopold Sedar Senghor, «arabo
berbère ou négro africain», selon le hasard de la naissance et de la
généalogie.
Et, dans le cas d’espèce de l’Algérie, francophone, francophile ou
francophobe, selon le degré des souvenirs et la vivacité des
ressentiments accumulés par 132 ans de présence coloniale. Mais en tout
état de cause relevant de la sphère culturelle et religieuse arabo
musulmane.
L’interactivité entre les éléments
constitutifs de l’histoire nationale est un fait prégnant. La guerre
d’indépendance de l’Algérie en témoigne avec l’interaction entre Machreq
et Maghreb, matérialisée par le soutien multiforme de l’égyptien Gamal
Abdel Nasser aux maquisards algériens, la prestation réplique de
l’algérien Houari Boumediene à Anouar el Sadate lors de la destruction
de la Ligne Bar Lev, en 1973.
Ou encore avec la dynamique de changement impulsée par l’immolation de
Mohamad Bouazizi en Tunisie, en décembre 2011, dupliquée, dans la
foulée, Place Tahrir, au Caire, avec l’assassinat du jeune activiste
égyptien Khaled Saïd, un enchevêtrement de faits qui a abouti à la
destitution de deux dictateurs, Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie) et
Hosni Moubarak (Egypte), en moins d’un mois sur les deux versants du
monde arabe.
Dans l’histoire contemporaine, les exemples abondent de l’interactivité et de la conjonction des faits et des hommes.
Un être qui se vit exclusivement
Algérien, sans une vision panoptique de la conjoncture, sans une
approche systémique des faits, est un être hémiplégique qui ne saurait
appréhender véritablement le réel. Il ne saurait participer lucidement
au combat des valeurs et des idées. Au combat universel pour
l’indépendance des peuples colonisés, longtemps la marque de fabrique de
l’Algérie, aux côtés de ses compagnons de route du calibre de Frantz
Fanon, originaire des Antilles françaises, désigné pour représenter
l’Algérie… au Ghana en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire.
Le Monde viendra à elle quand bien même
l’Algérie ne va pas à sa rencontre. Pour s’en convaincre, il suffit de
revenir à l’année charnière de l’histoire contemporaine, 1989. Cette
année-là voit l’implosion de l’empire soviétique avec la fin de la
guerre anti soviétique d’Afghanistan et la fin de la guerre irako
iranienne, c’est à dire la fin des deux guerres de fixation des pays de
contestation de l’hégémonie occidentale, l’URSS et l’Iran et le début de
la déstabilisation de l’Algérie, leur allié sur le ponant du Monde
arabe.
La défaite de l’URSS, sur le plan
régional, a intronisé les Talibans pro wahhabites, galvanisés par leur
victoire sur l’athéisme, en maîtres d’œuvre d’un Afghanistan sunnite
frontalier d’un Iran chiite, dans le prolongement d’un Irak sunnite sous
la houlette baasiste de Saddam Hussein contenant le flanc sud de l’Iran
sur le golfe arabo persique.
L’Irak Khomeyniste tentera d’en
desserrer l’étau par une sorte de dépassement par le haut, en
contournant le sunnisme non sur le plan théologique mais sur le plan de
l’idéologie révolutionnaire.
La Fatwa anti Salmane Rushdie, condamnant à mort l’écrivain indo
britannique pour apostasie pour avoir ironisé sur l’une des épouses du
prophète, s’est inscrite dans cette perspective. Elle a eu valeur
symbolique en ce qu’elle démontrait le souci des Chiites, la branche
minoritaire de l’Islam, de faire respecter les dogmes religieux avec la
même vigueur que leurs rivaux sunnites.
Au besoin en les suppléant. Comme ce fut
le cas lors de la vague de colère suscitée dans le Monde musulman après
la projection d’e l’extrait d’un film «L’Innocence de l’Islam»
dénigrant le prophète, en septembre 2012.
D’une manière sous-jacente, de démontrer que le zèle de l’Imam Ruhollah
Khomeiny, le guide de la Révolution Islamique, l’habilitait, sur le plan
spirituel, à être l’alter ego du Roi d’Arabie saoudite, le gardien
sunnite des Lieux saints de l’Islam.
Talibans / Al Qaida ;
L’idéologisation de la guerre sur une base religieuseLa Fatwa anti Salmane Rushdie a
constitué, sur le plan théologique, la réplique stratégique iranienne à
une idéologisation de la guerre sur une base religieuse, telle qu’elle
s’est déroulée en Afghanistan.
Ce faisant, le clergé iranien se plaçait ainsi à l’avant-garde de la
défense des valeurs de l’authenticité et de la lutte contre
l’occidentalisation de la société musulmane, au moment où les Talibans,
fer de lance anti soviétique, étaient conduits à se concentrer sur leur
base territoriale nationale, l’Afghanistan, cédant ainsi la place à «Al
Qaida» pour le leadership du combat à l’échelle planétaire.
Symbole de la coopération saoudo
américaine dans la sphère arabo musulmane à l’apogée de la guerre froide
soviéto-américaine, le mouvement d’Oussama Ben Laden avait vocation à
une dimension planétaire, à l’échelle de l’Islam, à la mesure des
capacités financières du Royaume d’Arabie.
Le Djihad a pris une dimension
planétaire conforme à la dimension d‘une économie mondialisée par
substitution des pétromonarchies aux caïds de la drogue dans le
financement de la contre révolution mondiale. Dans la décennie 1990
-2000, comme dans la décennie 2010 pour contrer le printemps arabe.
Si la Guerre du Vietnam (1955-1975), la contre-révolution en Amérique
latine, notamment la répression anti castriste, de même que la guerre
anti soviétique d’Afghanistan (1980-1989) ont pu être largement financés
par le trafic de drogue, l’irruption des islamistes sur la scène
politique algérienne signera la première concrétisation du financement
pétro monarchique de la contestation populaire de grande ampleur dans
les pays arabes.
Dommage collatéral de ce rapports de
puissance, l’Algérie en paiera le prix en ce que ce pays
révolutionnaire, allié de l’Iran et de la Syrie, le noyau central du
front de refus arabe, évoluait en électron libre de la diplomatie arabe
du fait de la neutralisation de l’Egypte par son traité de paix avec
Israël et la fixation de la Syrie dans la guerre du Liban.
Les Islamistes algériens joueront
toutefois de la malchance en ce que le déploiement de troupes
occidentales, -dont soixante mille soldats juifs américains-, à
proximité des Lieux Saints de l’Islam, dans la région occidentale du
royaume, à l’occasion de la première guerre anti irakienne du Golfe, en
1990, les placera en porte à faux avec leurs bailleurs de fonds,
contraignant leur chef Abassi Madani à prendre ses distances avec les
Saoudiens. Au titre de dommage collatéral, le débarquement des «forces
impies» sur la terre de la prophétie constituera le motif de rupture
entre Oussama Ben Laden et la dynastie wahhabite.
L’instrumentalisation de l’Islam comme
arme de combat politique, en tant qu’anti dote au nationalisme arabe
anti américain, dans la foulée de l’incendie de la Mosquée d’Al Asa
(1969), a entrainé un basculement du centre de gravité du Monde arabe de
la rive méditerranéenne vers le golfe, c’est-à-dire des pays du champ
de bataille vers la zone pétrolifère sous protectorat anglo-américaine.
Avec pour conséquence, la substitution
du mot d’ordre de solidarité islamique à celui mobilisateur d’unité
arabe ainsi que le dévoiement de la cause arabe, particulièrement la
question palestinienne, vers des combats périphériques (guerre
d’Afghanistan, guerre des contras du Nicaragua contre les sandinistes), à
des milliers de km de la Palestine, et dans l’époque contemporaine à
des guerres contre les pays arabes eux-mêmes (Libye, Syrie) ou des pays
africains (Nord Mali).
La déstabilisation de l’Algérie a
figuré, à nouveau, à l’ordre du jour du «printemps arabe des pays
occidentaux» en ce qu’elle était prévue dans la foulée de la mainmise
occidentale sur la Libye, à en juger par les prédictions de Nicolas
Sarkozy, avant son trépassement politique, s’exclamant par répétition
ponctuée de sauts de cabri «dans un an l’Algérie, et dans trois ans
l‘Iran».
L’Algérie, tout comme l’Iran et la
Syrie, figurent dans le nouvel axe du mal profilé par les stratèges
occidentaux pour maintenir sous pression les pays émergents, situés hors
de l’orbite occidentale.
Le voyage en Israël des dirigeants du fantomatique gouvernement kabyle
en exil, Ferhat Mehenni (président) et Lyazid Abid (ministre des
affaires étrangères), dans la foulée du voyage d’intellectuels du
Maghreb, Boualem Sansal (Algérie), Hassan Chalghoumi (Tunisie) et Nadia
El Fanni (Tunisie), ne relève pas du hasard.
Sous couvert de «dialogue des religions», il participe d’une opération
de débauchage de personnalités médiatiques en vue d’en faire des relais
potentiels dans la guerre psychologique que mène clandestinement Israël
dans la déstabilisation de cette zone, en pleine turbulence politique.
Le démantèlement d’un important réseau
israélien en Tunisie, en 2012, relève de cette stratégie, dont
L’objectif à terme est d’aménager la principale base opérationnelle du
Mossad au Maghreb, dans ce pays en pleine transition politique, à la
charnière de l’Afrique et de l’Europe, jadis chasse gardée occidentale.
Collecte des informations à travers les voyageurs tunisiens en Algérie
et Algériens en Tunisie. Action de déstabilisation et guerre
psychologique. Action de sabotage et de terrorisme, imputable à AQMI ou à
toute autre organisation fantoche figurent parmi les objectifs de la
plateforme disposant de deux autres antennes, dont l’une à l’Ile de
Djerba, à proximité de la Libye.
Dans cette optique, la formule de
formule de Nicolas Sarkozy, le plus philo sioniste et anti arabe
président de France - »Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »-,
loin de relever du vœu pieux ou du hasard, prend rétrospectivement toute
sa signification.
Pour le lecteur arabophone, Cf.; La Tunisie, plateforme du Mossad au Maghreb du journal libanais « Al Akhbar».
http://www.al-akhbar.com/node/166000
Vers la propulsion de l’Algérie en partenaire majeure du BRICSLa réconciliation entre la France et
l’Algérie, présentée comme nécessaire pour la pondération du tropisme
pro-israélien de la classe politique française, devrait servir de
référence au comportement des binationaux franco-arabes, d’une manière
générale aux détenteurs d’une double nationalité (arabe et occidentale),
en ce que le partenariat binational se doit de se faire, dans l’intérêt
bien compris des deux parties, sur un pied d’égalité et non sur un
rapport de subordination de l’ancien colonisé, le faisant apparaître
comme le supplétif de son ancien colonisateur.
Purger le passif colonial sans en
occulter les aspects les plus nauséabonds dans le respect mutuel et non
dans une flexibilité du naturalisé conspirant avec son pays d’accueil
contre son pays d’origine.
Soutien inconditionnel de l’irakien Saddam Hussein, du zaïrois Mobutu
Sessé Seko, du gabonais Omar Bongo, du togolais Gnassingbé Eyadema, du
tunisien Zine el Abidine Ben Ali , de l’égyptien Hosni Moubarak,
ostracisant ses fidèles serviteurs Harkis, avant de voler au secours des
islamistes syriens, la France en paie le prix en terme de magistère
moral: «L’influence de la France au niveau international est assez
faible par rapport à celle des États-Unis ou de la Chine en ce que «le
pays des Droits de l’homme». (…) a perdu au fil du temps la mission de
transmission de ses valeurs», constate l’énarque Claude Revel dans son
ouvrage « La France un pays sous influence» (Editions Vuibert-2012).
La période de cicatrisation consécutive à
la «noire décennie» s’est achevée en Algérie qui doit secouer sa
léthargie diplomatique et reprendre un rôle pilote dans un monde arabe
déboussolé, fracturé, brisé et humilié. Pour la survie du Monde arabe,
l’hégémon de la diplomatie arabe ne saurait être, sous aucun prétexte,
laissé aux bédouins du Golfe, inciviles.
L’Algérie ne saurait se contenter de son
statut de «pays émergent», qui n’est rien d’autres qu’un strapontin,
autrement dit « un piège à cons », mais monter au créneau par une
meilleure répartition de ses richesses, la relance de son agriculture,
le développement de son énergie solaire en même temps que son tourisme,
pour rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde).
Au BRICS en tant que représentante des pays arabes et musulmans, pour y
développer une coopération Sud-Sud, en substitution à une coopération
verticale de subordination et de prédation des économies nationales des
pays arabes. En un mot, établir un rapport de qualité entre les deux
sphères de la Méditerranée et entre les deux hémisphères de la planète.
Demander des comptes à tous ceux qui ont
dévoyé l’Islam, les wahhabites, bailleurs de fonds des Taliban
destructeurs des Bouddhas de Bamyan, qui ont aliéné gratuitement 1,5
milliards d’hindous, et les salafistes atlantistes du Qatar, parrains
des Touaregs destructeurs des sanctuaires de Tombouctou, qui ont aliéné
de leur côté près d’un milliards de croyants d’Afrique noire,
développant une incroyable islamophobie à travers le Monde.
Le Qatar, l’apprenti sorcier.L’Afrique est partiellement redevable de
son indépendance à l’Algérie, de la même manière que la défaite
française de Dien Bien Phu (1955) a pesée lourd dans la décision
française de renoncer à son ancienne colonie chérie.
Par effet de boule, il en a été de même
de l‘Afrique. Le coût humain et matériel de la guerre d’Algérie a
précipité l’indépendance des pays africains de l’espace francophone,
dont l’indépendance, curieusement, a précédé de deux ans celle de
l’Algérie, de crainte que l’effet de contagion n’embrase le continent
noir et que la chaudière africaine n’embrase à son tour les intérêts
africains de la France et de l’armée française, exsangue par huit ans de
combat français anti-fellaghas.
La coopération algéro malienne a été mise à mal par le roitelet du
Qatar, mercenaire par excellence des menées anti-arabes du pacte
atlantique.
Les pilleurs du patrimoine de l’humanité, nouveaux barbares ivres de pétrodollars, doivent rendre des comptes.
L’empire musulman auquel ils rêvent tant doit préalablement à son
avènement se purger de tous les mystificateurs, les faux prophètes qui
sont en fait les prophètes de notre malheur.
N’en déplaise aux esprits chagrins, le nationalisme arabe a libéré le
Monde arabe des bases occidentales de Bizerte à Aden en passant par Mers
El Kébir et Suez, Wheelus Airfield et Al Adem en Libye, impulsant même
dans la décennie 1970 une dynamique vers l’indépendance des émirats
mirage de l’ancienne Côte des pirates, alors qu’en contre champ le
wahhabisme salafiste s’est appliqué méthodiquement à réimplanter les
bases militaires atlantistes sur les débris du nationalisme arabe, dans
les pétromonarchies, la réserve énergétique stratégique du Monde arabe,
de Bahreïn au Qatar, au Sultanat d’Oman, à Abou Dhabi (Emirats arabes
Unis). Et, dans des guerres mercenaires, rétablir les trusts pétroliers
occidentaux en Irak et en Libye.
Hypocrites wahhabites qui excluent la
Syrie de l’Organisation de la Conférence Islamique mais laissent fermer,
faute de fonds, l’Hôpital Al Maqassed, le plus grand hôpital
palestinien de Jérusalem.
Hypocrisie occidentale dès lors qu’il s’agit de pétrole et de
terrorisme, dont la fermeté avec la Syrie tranche avec le laxisme avec
le golfe pétro monarchique quand bien même «des fonds privés d’Arabie
saoudite, du Koweït et du Qatar constituent la source de financement la
plus importante des groupes terroristes sunnites du monde entier», selon
la mise en garde de Hillary Clinton, secrétaire d’état américain, aux
diplomates américains dans la zone et révélée par Wikileaks (2).
Affaiblir la Russie, la Chine et la
Syrie dans une guerre d’usure contre le régime de Damas de même que
l’Algérie dans un rôle de gendarme aux confins du Mali, paraissent être
les objectifs prioritaires du bloc atlantiste en ce que la
déstabilisation de la zone sahélo saharienne favoriserait le maillage de
l’Afrique par les armées occidentales, sans réplique russo-chinoise,
sous couvert de lutte contre le terrorisme.
Cela vaut particulièrement le Maghreb, l’ultime barrage face à la percée
chinoise en Afrique, l’ultime récif face au contournement de l’Europe,
par son flanc sud, via le continent africain.
L’axe Chine-Europe qui représente les deux extrémités de la vaste
étendue continentale euro-asiatique, constitue le centre de gravité
pérenne de la géostratégie de l’histoire de la planète, matérialisée par
la route de la soie, la route des parfums et de l’encens, et, dans la
période contemporaine, par la route de la drogue.
Le Monde arabe en constitue le maillon intermédiaire, à la jonction de
trois voies de navigation maritime internationale
(Atlantique-Méditerranée, via Gibraltar, Méditerranée-Océan indien, via
le Canal de Suez, Golfe persique-Mer rouge Océan indien via le détroit
d’Ormuz), de surcroît à l’intersection de deux continents
(Asie-Afrique). Du fait de ses divisions, ce maillon intermédiaire en
est son ventre mou, qui se devra d’être son articulation centrale, par
musculation des abdominaux.
Tel devrait être la tâche majeure de
l’Algérie au seuil du XXI me siècle, aux côtés de tous ceux qui, au sein
du Monde arabe, rejettent la logique de vassalité et se proposent de le
doter d’un «seul critique» à l’effet de le propulser au rang
d’interlocuteur majeur de la scène internationale.
L’Algérie ne saurait concevoir son
destin hors de la sphère arabo musulmane. Elle ne saurait s’en détacher.
Elle ne saurait échapper à son destin. A moins de se contenter du rôle
de coq glorieux picorant les sables de son Sahara, dans la splendeur de
son isolement.
Références
1 –Mohamed Larbi Ben M’Hidi (1923-1957) est un combattant et responsable
du FLN durant la Guerre d’Algérie (1954-1962). Il est arrêté, torturé,
puis exécuté sans jugement par l’armée française durant la bataille
d’Alger, en février 1957. Considéré comme un héros national en Algérie,
plusieurs lieux et édifices institutionnels se sont vus attribuer son
nom. En avril 1954, Ben M’Hidi fut l’un des neuf fondateurs du Comité
révolutionnaire d’unité et d’action, qui le 10 octobre 1954
transformèrent le CRUA en FLN et décidèrent de la date du 1er Novembre
1954 comme date du déclenchement de la lutte armée pour l’indépendance
algérienne. Responsable de la Wilaya 5 (Oranie), il en laissera le
commandement à son lieutenant Abdelhafid Boussouf pour devenir membre du
Conseil national de la révolution algérienne, participant à
l’organisation des premiers attentats de la bataille d’Alger.
Arrêté le 23 février 1957 par les
parachutistes, il refusa de parler sous la torture avant d’être pendu
sans procès, ni jugement, ni condamnation, par le général Aussaresses
dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Le général Bigeard, qui avait rendu
hommage auparavant à Ben M’Hidi avant de le confier aux Services
Spéciaux, regretta trente ans plus tard, cette exécution. Ses derniers
mots avant son exécution auraient été les suivantes: « Vous parlez de la
France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis l’Algérie de
Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous
prédis la France algérienne».
Ali la Pointe, (1930 – 1957), de son
vrai nom Ammar Ali, combattant du FLN, il se distinguera dans la
bataille d‘Alger, constituant avec Yacef Saadi, le chef de la Zone
autonome d’Alger, le tandem le plus terrible de l’histoire de la guerre
d’Algérie. Dans la foulée de l’arrestation de son chef Yacef Saadi, sur
dénonciation d’un indic, Ali La Pointe se fera exploser, le 8 octobre
1957, dans sa cache de la Casbah plutôt que de se rendre aux forces
françaises.
Frantz Omar Fanon, né le 20 juillet 1925
à Fort de France (Martinique), mort le 6 Décembre 1961 à Bethesda
(Washington DC, États-Unis). Psychiatre Français, Martiniquais et
Algérie, il est l’un des fondateurs du courant de pensée tiers-mondiste
et compagnon de route de la révolution algérienne. Durant toute sa vie,
il cherchera à analyser les conséquences psychologiques de la
colonisation à la fois sur le colon et sur le colonisé. De son
expérience de noir minoritaire au sein de la société française, il
rédige «Peau noire, masques blancs», dénonciation du racisme et de la
«colonisation linguistique» dont la Martinique est victime. Pour Fanon,
la colonisation entraîne une dépersonnalisation, qui fait de l’homme
colonisé un être «infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé,
aliéné», propre à être pris en charge par l’autorité colonisatrice.
En mars 1960, il est nommé ambassadeur
du Gouvernement provisoire de la République algérienne Gouvernement
provisoire de la République algérienne au Ghana. Il échappe durant cette
période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Se sachant atteint
d’une leucémie, il se retire à Washington pour écrire son dernier
ouvrage «Les Damnés de la Terre». Il meurt le 6 décembre 1961 à l’âge de
36 ans, quelques mois avant l’indépendance algérienne; sa dépouille est
inhumée au cimetière des Chouhadas» (cimetière des martyrs de la
guerre) près de la frontière algéro-tunisienne, dans la Wilaya d’El
Tarf.
2- «Jeux de rôle et polémiques face à Bachar» – Claude Angeli- Le Canard Enchainé page 3 14 aout 2012
Pour aller plus loin sur l’Algérie
Algérie-Biographie: Abdel Hamid
Boussouf, «Le révolutionnaire aux pas de velours» de Chérif Abdedaïm.
Portrait fouillé et documenté est dressé par un l’homme tranquille du
journalisme algérien, Chérif Abdedaïm, dans un ouvrage «Abdel Hamid
Boussouf, le révolutionnaire aux pas de velours» paru aux Editions ANEP.
Aux temps bénis du nationalisme arabe: http://www.renenaba.com/aux-temps-benis-du-nationalisme-arabe/
France Algérie: le rude apprentissage de la causticité algérienne :
http://www.renenaba.com/nicolas-sarkozy-a-alger-un-rude-apprentissage-de-la-causticite-algerienne/
L’honneur de l’Algérie http://www.renenaba.com/l%E2%80%99honneur-de-l%E2%80%99algerie/
Le divorce des générations http://www.renenaba.com/algerieemeutes-le-divorce-des-generations/
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